PROGRAMME pdf :
Horaires :
Évènements Renoir
PALESTINE
MEMOIRE ET TEMPS REEL
Jeudi 3 & Vendredi 4 Septembre 2009
Jeudi 3 septembre à 20h30
En présence des réalisateurs :
Samir Abdallah & Khéridine Mabrouk
Gaza-Strophe Samir Abdallah & Khéridine Mabrouk
France, Palestine, 2009, 1h30
Abu Samer et Joker, deux militants du Centre Palestinien des Droits de l’Homme de Gaza, nous attendent au poste frontière de Rafah où nous sommes passés avec une délégation française, après une longue attente côté égyptien. Nous sommes le mardi 20 janvier 2009, jour de l’investiture de Barak Obama, à peine 48 h après l’annonce d’un cessez le feu, mais ici les drones continuent de bourdonner dans le ciel resplendissant et les bombes israéliennes de pleuvoir sur les populations civiles.
Pendant 3 semaines, les militants des droits de l’homme palestiniens nous guident tout le long de l’étroite bande de Gaza, sur les traces des chars israéliens qui ont tout détruit sur leur passage, en plus des attaques par air et par mer. Des dizaines de témoins des exactions israéliennes témoignent devant la caméra. Leurs récits frappent par la précision des faits et nous font entrer dans le cauchemar palestinien.
SITE du FILM
avec de nombreux extraits
En présence des réalisateurs :
Samir Abdallah & Khéridine Mabrouk
Gaza-Strophe Samir Abdallah & Khéridine Mabrouk
France, Palestine, 2009, 1h30
Abu Samer et Joker, deux militants du Centre Palestinien des Droits de l’Homme de Gaza, nous attendent au poste frontière de Rafah où nous sommes passés avec une délégation française, après une longue attente côté égyptien. Nous sommes le mardi 20 janvier 2009, jour de l’investiture de Barak Obama, à peine 48 h après l’annonce d’un cessez le feu, mais ici les drones continuent de bourdonner dans le ciel resplendissant et les bombes israéliennes de pleuvoir sur les populations civiles.
Pendant 3 semaines, les militants des droits de l’homme palestiniens nous guident tout le long de l’étroite bande de Gaza, sur les traces des chars israéliens qui ont tout détruit sur leur passage, en plus des attaques par air et par mer. Des dizaines de témoins des exactions israéliennes témoignent devant la caméra. Leurs récits frappent par la précision des faits et nous font entrer dans le cauchemar palestinien.
SITE du FILM
avec de nombreux extraits
Le cinéma des "peuples de trop" en résistance...
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Vendredi 4 septembre à 20h30
En présence d'Antoine Thirion
critique au Cahiers du Cinéma
et de Jean Roy
critique à l'Humanité
critique au Cahiers du Cinéma
et de Jean Roy
critique à l'Humanité
Elia Suleiman
Palestine, 2009, 1h45
Avec : Elia Suleiman, Saleh Bakri, Yasmine Haj
Palestine, 2009, 1h45
Avec : Elia Suleiman, Saleh Bakri, Yasmine Haj
La vie quotidienne de ces palestiniens qui sont restés sur leurs terres natales et ont été étiquetés "Arabes-Israéliens", vivant comme une minorité dans leur propre pays.
Le film remonte à 1948 pour nous proposer une construction historique en quatre épisodes. C'est l'entrée dans la grande histoire via la petite histoire, celle de la famille de Fouad Suleiman; le père d'Elia que nous découvrons résistant au moment de la débâcle de l'armée de libération arabe. Armée mobilisée justement comme son nom l'indique pour libérer la Palestine. Le film met à nu ce programme dans une scène pleine d'humour avec un soldat de ladite armée égarée et qui cherche la route de Haifa au moment où l'armée israélienne avait tranché l'issue de la guerre. C'est ce registre de l'humour noir qui frise la caricature qui va porter la narration avec des pointes de grand moment d'émotion comme ce sera le cas dans la scène où lors d'un de ses déplacements Elia Suleiman se trouve face au Mur de séparation israélien et comme ce fut le cas dans «Intervention divine» où un checkpoint saute sous l'effet d'une bombe, bombe à prendre au sens d'une belle femme; le mur ici sera dépassé avec une perche comme dans la célèbre discipline olympique. C'est très beau et très fort. Il n'y a pas de message politique direct mais le film touche à la fois par cette dérision qui enveloppe des récits tragiques et par la sincérité du propos qui fait qu'au final nous sommes en présence d'une œuvre d'un auteur qui revendique en toute légitimité d'être perçu en tant qu'artiste et cinéaste avant tout.
Certainement le plus beau film du Festival de Cannes !
Le film remonte à 1948 pour nous proposer une construction historique en quatre épisodes. C'est l'entrée dans la grande histoire via la petite histoire, celle de la famille de Fouad Suleiman; le père d'Elia que nous découvrons résistant au moment de la débâcle de l'armée de libération arabe. Armée mobilisée justement comme son nom l'indique pour libérer la Palestine. Le film met à nu ce programme dans une scène pleine d'humour avec un soldat de ladite armée égarée et qui cherche la route de Haifa au moment où l'armée israélienne avait tranché l'issue de la guerre. C'est ce registre de l'humour noir qui frise la caricature qui va porter la narration avec des pointes de grand moment d'émotion comme ce sera le cas dans la scène où lors d'un de ses déplacements Elia Suleiman se trouve face au Mur de séparation israélien et comme ce fut le cas dans «Intervention divine» où un checkpoint saute sous l'effet d'une bombe, bombe à prendre au sens d'une belle femme; le mur ici sera dépassé avec une perche comme dans la célèbre discipline olympique. C'est très beau et très fort. Il n'y a pas de message politique direct mais le film touche à la fois par cette dérision qui enveloppe des récits tragiques et par la sincérité du propos qui fait qu'au final nous sommes en présence d'une œuvre d'un auteur qui revendique en toute légitimité d'être perçu en tant qu'artiste et cinéaste avant tout.
Certainement le plus beau film du Festival de Cannes !
Site du Film :
Conversation avec Elia Suleiman 1 from Independencia
Conversation avec Elia Suleiman, 2 from Independencia
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Séance Exceptionnelle
Avant première
Mardi 15 septembre 20h30
La Danse, Le Ballet de l’Opéra de Paris
Documentaire de
Frederick Wiseman
2009, France
présentée par
THIERRY THIEU NIANG
danseur, Choregraphe
et
MAGALIE COZZOLINO
directrice de l'Ecole de Danse de Martigues
professeur CA
La Danse, Le Ballet de l’Opéra de Paris
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LOLA MONTES
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Analyse d'une séquence
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Le Cinéma espace de citoyenneté
Entretien avec Serge Daney
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Séance Exceptionnelle
Avant première
Mardi 15 septembre 20h30
La Danse, Le Ballet de l’Opéra de Paris
Documentaire de
Frederick Wiseman
2009, France
présentée par
THIERRY THIEU NIANG
danseur, Choregraphe
et
MAGALIE COZZOLINO
directrice de l'Ecole de Danse de Martigues
professeur CA
La Danse, Le Ballet de l’Opéra de Paris
Frederick Wiseman, pionnier du cinéma documentaire a installé sa caméra durant sept semaines au cœur de l'Opéra de Paris.
Des coulisses des ateliers de couture aux représentations publiques et à travers les différentes étapes de la vie d’un danseur pour devenir étoile, LA DANSE montre le travail de tous ceux qui donnent corps au quotidien à des spectacles d’exception.
J'ai obtenu l'autorisation de suivre les danseurs, les chorégraphes et les administrateurs dans tous les aspects de leur vie professionnelle... L'expression et la performance artistiques sont des sujets que j'ai déja explorés dans certains de mes films précédents. En 1995, j'ai réalisé Ballet, un film sur l'American Ballet Theatre. Ce film suit cette compagnie en répétitions dans son studio de New York et en tournée à Athènes et à Copenhague.Et, l'année suivante , j'ai réalisé La Comédie Française, sur la celèbre institution théâtrale parisienne. Je suis sûr que, non seulement, le Ballet de l'Opéra de Paris peut fournir une magnifique matière cinématographique et sonore, mais qu'un film sur cette institution mondialement célèbre apportera une importante contribution à l'histoire de la danse. Frederick Wiseman
Dossier de Presse:
Entretien avec Frederick Wiseman par Francois Niney: (cliquez sur la photo)
Frederick Wiseman réalise son premier documentaire, Titicut Follies, en 1967 dans un hôpital pour criminels psychopathes. Dès lors, il instaure un style et une technique pour éviter les clichés et réduire au maximum la subjectivité : il passe beaucoup de temps avec ses protagonistes avant le tournage ce qui a tendance à faire oublier la caméra; il détermine son sujet pendant le montage; il n'utilise pas la voix-off et les commentaires; il étale ses films dans la longueur (souvent plus de 3 heures) et privilégie le plan-séquence.
Dans les années 70, il s'intéresse aux effets dramatiques et inhumains de la bureaucratie dans Law and Order, Juvenile court, and Welfare. Dans les années 80, il aborde l'influence de la société de consommation américaine dans le monde avec The Store, Model et Sinai Field Mission tandis que Blind, Deaf, Multi-Handicapped (tous les trois tournés en 1987) et Near death traite des handicaps physiques et de leurs impacts sur l'esprit.
Dans les années 90, il aborde de nouveau des thèmes sociaux avec Public Housing (1997) sur la misère d'un ghetto noir de Chicago, Belfast, Maine (1999) ou Domestic Violence (2001).
En 2002, après avoir reçu des dizaines de prix à travers le monde pour ses documentaires, il tourne son premier film de fiction, La Dernière lettre, sur le génocide des juifs pendant la deuxième guerre mondiale.
Des coulisses des ateliers de couture aux représentations publiques et à travers les différentes étapes de la vie d’un danseur pour devenir étoile, LA DANSE montre le travail de tous ceux qui donnent corps au quotidien à des spectacles d’exception.
J'ai obtenu l'autorisation de suivre les danseurs, les chorégraphes et les administrateurs dans tous les aspects de leur vie professionnelle... L'expression et la performance artistiques sont des sujets que j'ai déja explorés dans certains de mes films précédents. En 1995, j'ai réalisé Ballet, un film sur l'American Ballet Theatre. Ce film suit cette compagnie en répétitions dans son studio de New York et en tournée à Athènes et à Copenhague.Et, l'année suivante , j'ai réalisé La Comédie Française, sur la celèbre institution théâtrale parisienne. Je suis sûr que, non seulement, le Ballet de l'Opéra de Paris peut fournir une magnifique matière cinématographique et sonore, mais qu'un film sur cette institution mondialement célèbre apportera une importante contribution à l'histoire de la danse. Frederick Wiseman
Dossier de Presse:
Entretien avec Frederick Wiseman par Francois Niney: (cliquez sur la photo)
Frederick Wiseman réalise son premier documentaire, Titicut Follies, en 1967 dans un hôpital pour criminels psychopathes. Dès lors, il instaure un style et une technique pour éviter les clichés et réduire au maximum la subjectivité : il passe beaucoup de temps avec ses protagonistes avant le tournage ce qui a tendance à faire oublier la caméra; il détermine son sujet pendant le montage; il n'utilise pas la voix-off et les commentaires; il étale ses films dans la longueur (souvent plus de 3 heures) et privilégie le plan-séquence.
Dans les années 70, il s'intéresse aux effets dramatiques et inhumains de la bureaucratie dans Law and Order, Juvenile court, and Welfare. Dans les années 80, il aborde l'influence de la société de consommation américaine dans le monde avec The Store, Model et Sinai Field Mission tandis que Blind, Deaf, Multi-Handicapped (tous les trois tournés en 1987) et Near death traite des handicaps physiques et de leurs impacts sur l'esprit.
Dans les années 90, il aborde de nouveau des thèmes sociaux avec Public Housing (1997) sur la misère d'un ghetto noir de Chicago, Belfast, Maine (1999) ou Domestic Violence (2001).
En 2002, après avoir reçu des dizaines de prix à travers le monde pour ses documentaires, il tourne son premier film de fiction, La Dernière lettre, sur le génocide des juifs pendant la deuxième guerre mondiale.
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LOLA MONTES
Le film que vous allez voir, mesdames, messieurs, est une espèce de fantôme. En décembre 1955, Max Ophuls présentait au public parisien Lola Montès, grand film en Eastmancolor et CinémaScope qui n'eut pas l'heur de plaire. Retiré de l'affiche, Lola Montès a été montré ensuite monté et doublé (le film est en français, anglais et allemand) de différentes façons.
Les efforts de la Cinémathèque française ont permis de redonner vie à un film très proche de la version que voulut Ophuls. Par la grâce d'outils numériques, Lola Montès a retrouvé ses couleurs, un son stéréophonique et son format. Ce qui ne suffira pas à dissiper un parfum de malédiction.
Bien sûr, les spectateurs de 2008 seront moins déroutés par la chronologie désarticulée du récit, par la violence chromatique des images. Mais ce qui fit fuir les spectateurs du Marignan, il y a plus d'un demi-siècle, effraie encore aujourd'hui. La déchéance livrée en pâture de la célèbre courtisane du XIXe siècle, le trafic marchand des sentiments et du plaisir restent des objets de scandale qu'Ophuls met en scène avec violence, dans une fièvre qui confine parfois au délire, sans prétendre à la compassion. C'est le plus malheureux et le moins aimable des chefs-d'oeuvre.
Après un long prologue, lorsqu'on découvre enfin Martine Carol, star de l'époque, interprète de Lola Montès, les premiers mots qu'elle prononce sont : "Ça va aller." Parfaite antiphrase. Dans ces premières séquences, on a vu Lola en bête de cirque, offerte à la concupiscence et au mépris du public par un Monsieur Loyal monstrueux (Peter Ustinov). L'ex-courtisane qui fit tourner les têtes couronnées ne survit qu'en rejouant, sur le mode de la pantomime, les épisodes les plus scandaleux de sa carrière. Comme un cauchemar, le film glisse du spectacle de cirque à la reconstitution historique au cinéma. Lola, adolescente, met le grappin sur l'amant de sa mère ; Lola séduit et abandonne Franz Liszt ; Lola s'insinue dans l'intimité du roi Louis Ier de Bavière et provoque l'édition locale de la révolution de 1848.
SAISISSANT DE DÉSESPOIR
Quand il filme le cirque, Max Ophuls fait cavaler des nains peints en rouge, galoper des écuyères légèrement vêtues dans un charivari permanent qui tourne autour d'une figure immobile, celle de Lola, qui tient à peine debout et s'exprime d'une voix inaudible.
Depuis 1955, on a dit beaucoup de mal de Martine Carol. L'actrice n'est pas une grande tragédienne, et chacun des retours en arrière montre ses limites (la séquence de l'adolescence la fait sombrer dans le ridicule - elle était âgée de 35 ans au moment du tournage). Mais il y avait assez de tristesse en elle pour qu'elle compose un masque de morte-vivante saisissant de désespoir dans ces séquences du cirque. On dirait qu'elle ne survit que grâce à l'énergie perverse que lui insuffle son infernal Monsieur Loyal, dont Peter Ustinov fait un démon.
Les limites de l'actrice n'empêchent pas le film de se déployer dans toute son ampleur. Certes, les séquences historiques respectent en partie les lois du genre en vigueur à l'époque, mais Ophuls impose à ses deux univers les mêmes déformations qui suscitent le vertige et la claustrophobie. La caméra est suprêmement mobile (exploit prodigieux étant donné la lourdeur du matériel de l'époque), mais, au lieu d'agrandir le cadre du Scope, ces mouvements le fractionnent en un labyrinthe dont aucun personnage ne peut s'échapper.
Cette sensation est accentuée par l'utilisation récurrente de grilles, de fenêtres à petits carreaux, de rambardes qui font les barreaux de la prison dans laquelle Lola Montès s'est enfermée.
Cet enfer n'est pas celui qui guette les filles perdues. C'est celui où l'amour et l'argent s'échangent indifféremment, où la célébrité est une marchandise. Ophuls avait appris à connaître Hollywood (le cirque de Lola est américain), où il s'était exilé pendant la seconde guerre mondiale, et l'on peut discerner dans Lola Montès une parabole du viol de la culture et de l'histoire européennes par le show-business américain. Ce n'est qu'un contre-chant. Lola Montès est avant tout le récit d'une agonie. C'est le dernier film de Max Ophuls, mort deux ans plus tard.
Thomas Sotinel
Les efforts de la Cinémathèque française ont permis de redonner vie à un film très proche de la version que voulut Ophuls. Par la grâce d'outils numériques, Lola Montès a retrouvé ses couleurs, un son stéréophonique et son format. Ce qui ne suffira pas à dissiper un parfum de malédiction.
Bien sûr, les spectateurs de 2008 seront moins déroutés par la chronologie désarticulée du récit, par la violence chromatique des images. Mais ce qui fit fuir les spectateurs du Marignan, il y a plus d'un demi-siècle, effraie encore aujourd'hui. La déchéance livrée en pâture de la célèbre courtisane du XIXe siècle, le trafic marchand des sentiments et du plaisir restent des objets de scandale qu'Ophuls met en scène avec violence, dans une fièvre qui confine parfois au délire, sans prétendre à la compassion. C'est le plus malheureux et le moins aimable des chefs-d'oeuvre.
Après un long prologue, lorsqu'on découvre enfin Martine Carol, star de l'époque, interprète de Lola Montès, les premiers mots qu'elle prononce sont : "Ça va aller." Parfaite antiphrase. Dans ces premières séquences, on a vu Lola en bête de cirque, offerte à la concupiscence et au mépris du public par un Monsieur Loyal monstrueux (Peter Ustinov). L'ex-courtisane qui fit tourner les têtes couronnées ne survit qu'en rejouant, sur le mode de la pantomime, les épisodes les plus scandaleux de sa carrière. Comme un cauchemar, le film glisse du spectacle de cirque à la reconstitution historique au cinéma. Lola, adolescente, met le grappin sur l'amant de sa mère ; Lola séduit et abandonne Franz Liszt ; Lola s'insinue dans l'intimité du roi Louis Ier de Bavière et provoque l'édition locale de la révolution de 1848.
SAISISSANT DE DÉSESPOIR
Quand il filme le cirque, Max Ophuls fait cavaler des nains peints en rouge, galoper des écuyères légèrement vêtues dans un charivari permanent qui tourne autour d'une figure immobile, celle de Lola, qui tient à peine debout et s'exprime d'une voix inaudible.
Depuis 1955, on a dit beaucoup de mal de Martine Carol. L'actrice n'est pas une grande tragédienne, et chacun des retours en arrière montre ses limites (la séquence de l'adolescence la fait sombrer dans le ridicule - elle était âgée de 35 ans au moment du tournage). Mais il y avait assez de tristesse en elle pour qu'elle compose un masque de morte-vivante saisissant de désespoir dans ces séquences du cirque. On dirait qu'elle ne survit que grâce à l'énergie perverse que lui insuffle son infernal Monsieur Loyal, dont Peter Ustinov fait un démon.
Les limites de l'actrice n'empêchent pas le film de se déployer dans toute son ampleur. Certes, les séquences historiques respectent en partie les lois du genre en vigueur à l'époque, mais Ophuls impose à ses deux univers les mêmes déformations qui suscitent le vertige et la claustrophobie. La caméra est suprêmement mobile (exploit prodigieux étant donné la lourdeur du matériel de l'époque), mais, au lieu d'agrandir le cadre du Scope, ces mouvements le fractionnent en un labyrinthe dont aucun personnage ne peut s'échapper.
Cette sensation est accentuée par l'utilisation récurrente de grilles, de fenêtres à petits carreaux, de rambardes qui font les barreaux de la prison dans laquelle Lola Montès s'est enfermée.
Cet enfer n'est pas celui qui guette les filles perdues. C'est celui où l'amour et l'argent s'échangent indifféremment, où la célébrité est une marchandise. Ophuls avait appris à connaître Hollywood (le cirque de Lola est américain), où il s'était exilé pendant la seconde guerre mondiale, et l'on peut discerner dans Lola Montès une parabole du viol de la culture et de l'histoire européennes par le show-business américain. Ce n'est qu'un contre-chant. Lola Montès est avant tout le récit d'une agonie. C'est le dernier film de Max Ophuls, mort deux ans plus tard.
Thomas Sotinel
***
Analyse d'une séquence
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Entretien avec Serge Daney
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