Programme du 23 Juin au 3 Aout 2010

Programme en PDF:




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PRELUDE au FID

21ème Festival International

du Documentaire de Marseille


Défendu comme un art du témoignage sans critère de format, le festival accueille des films et des artistes qui jouent avec la transversalité des arts. Depuis trois années, un tournant décisif a été pris, celui d’accueillir au sein de la sélection officielle, des films de fiction aux côtés des documentaires.

(voir le site)


Chaque séance du 30 Juin au 6 Juillet accueillera

un court métrage avant chaque film.


2 Événements Exceptionnels


Hommage à Ritwik Ghatak

cinéaste visionnaire.

Jeudi 1er Juillet 21h00



NAGARIK (Le Citoyen)

Ritwik Ghatak
Inde, 1952, 2h05

Sans travail, Ramu – l’un des millions de réfugiés de la « Partition » échoués à Calcutta – tente désespérément de faire vivre sa famille issue de la moyenne bourgeoisie, composée des parents, de sa soeur Sita et d’un petit frère, Pintu. Son rêve, épouser Uma et construire une belle maison. Mais les choses s’aggravant, la famille doit se contenter de survivre avant de prendre un locataire, Sagar, qui s’éprend de Sita, laquelle est prête à partir avec lui pour soulager sa famille et tenter de redonner espoir à Ramu. Finalement, la famille doit céder la maison à d’autres réfugiés, et s’installe dans un bidonville en abandonnant toute aspiration individuelle. C’est alors que Ramu met ses espoirs dans le combat politique pour l’égalité de toutes les classes.


Le Citoyen, le premier film à ses yeux « authentiquement réaliste » du cinéma bengali, est un appel à l’action politique directe bien que sur un mode mélodramatique. Le film, tourné avec le grand acteur issu du théâtre, Kali Bannerjee, est réalisé en « coopérative » (la pellicule vierge est offerte, les laboratoires et le studio participent à la production) mais à cause d’un homme d‘affaires sans scrupules, il ne fut projeté que 25 ans plus tard après sa mort donc, pendant deux semaines à Calcutta dans une copie très endommagée.

Ritwik Ghatak, cinéaste indien né en 1925, mort cinquante ans plus tard brûlé par l’alcool, aura traversé vite son époque, celle de l’après-partition de 1947. Lui qui revendiquait haut et fort, en entretiens et dans ses si nombreux écrits, un art politique, il aura utilisé néanmoins l’outil cinéma avec une liberté connue de peu. Sans doute ses variations stylistiques, un vaste échantillon de registres jusqu’au mélo, auront paradoxalement contribué à masquer son génie – à la différence de Ray, par exemple. Or, ce qui nous importe dans cette œuvre, c’est tout cela. La revendication fière d’une beauté fruit d’une pratique cinématographique affranchie ; le mélange des genres de la fiction au documentaire ; le souci affirmé et mis en pratique de la transmission (nombreux auront généreusement été ses étudiants) en liaison avec la revendication ferme d’une pratique politique ancrée dans le quotidien d’une Inde à la fois déchirée et d’un peuple en pleine invention de lui-même.


Soirée Courts Métrages

Mardi 6 Juillet 21h00

Programme proposé par

Jean-Pierre Rehm, Délégué Général du FID.


Une sélection de courts métrages (documentaire, fiction, animation, musical…) pour embrasser les multiples facettes des œuvres présentées au FID.


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LE CINEMA ENTRE LES MAINS
En présence des élèves, des enseignants,
des participants et des intervenants.

Jeudi 24 juin à 18h

Séance publique et gratuite

UNE SAISON D’ATELIERS

Nous vous proposons de découvrir les autres missions que développe depuis plusieurs années déjà, le cinéma en tant que lieu de recherche, de formation, de rencontres avec les professionnels et notamment la mise en place régulière d’ateliers de pratique artistique. Offrir la possibilité aux jeunes de rencontrer le cinéma et la création artistique est un challenge que les intervenants professionnels et les partenaires relèvent chaque année afin de proposer à ce public un parcours et une expérience forte.
Cette année vous pourrez découvrir la présentation des films réalisés dans le cadre des partenariats :

Le Cinéma, cent ans de jeunesse/Cinémathèque Française
au Collège Matraja de Sausset les Pins

http://100ans.cinematheque.fr/100ans20092010/index.php

le Cinéma d’Animation avec l’Equipée/Folimage à l’école Primaire St Pierre

http://www.lequipee.com/

"Ailleurs commence ici, un voyage dans ma ville" (atelier conduit par Elise Tamisier/Compagnie d’Avril dans le cadre de l’Odyssée de Martigues).

http://www.compagnie-avril.com/

Option facultative cinéma du Lycée Jean Lurçat (quelques films du Bac et exercices d’Art vidéo avec les Instants Vidéos)

http://www.lyc-lurcat.ac-aix-marseille.fr/spip/


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« Une société sans art et sans culture ? »

Marie-José Mondzain

Intervention de Marie-José MONDZAIN philosophe,
directrice de recherche au CNRS,

pour la rencontre du 31 mai 2010,
« Une société sans art et sans culture ? »
organisée par Cassandre/Horschamp
au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis.


Réalisation Samuel Wahl










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Année bissextile
Michael Rowe avec Monica Del Carmen, Gustavo Sánchez Parra… 1 h 32.

Amateur de paysages mexicains et de mégapoles exotiques, passe ton chemin ! Dans Année bissextile, il faut se résoudre à ne jamais quitter l’appartement sans grand charme de Laura (Monica Del Carmen, fascinante d’opacité), une jeune Indienne tapant frénétiquement sur son ordinateur portable entre deux coups de fil sibyllins à des patrons d’entreprises plus ou moins corrompus en vue de l’édition d’une feuille de chou à la gloire du libéralisme créatif. Que veut cette fille, pourquoi ne nous permet-elle pas de la suivre faire un tour dehors, prendre l’air, voir du peuple ? Elle veut une gifle ? Ou alors c’est le metteur en scène qui est agoraphobe et ne peut plus décoincer de ce cadre unique, sursautant de terreur à chaque fois que l’objectif s’approche de la fenêtre pour y regarder à deux mètres plus loin l’appartement d’en face ou la cour en contrebas. Il veut qu’on le pousse du sixième étage pour qu’il comprenne où il a mal ?

Année bissextile joue avec nos nerfs, notre attention est comme captivée par l’alternance de vacuité totale dans laquelle le personnage principal s’enfonce inexorablement, et par les accès de rage coïtale assez rapidement pimentés à coups de ceinturon, de couteau dans la bouche… Laura sort et pas nous. Laura jouit et nous sommes tenus à distance. Ce que le film offre en partage, met en commun, c’est une souffrance inarticulée. Le décor unique est une cellule de contention, et l’argument minimaliste - la relation SM entre Laura et un amant de passage, Arturo - une expérience d’extase par paliers, un coup douleur, un coup plaisir, en vue du nirvana d’indifférence qui conduit soit à la sagesse soit six pieds sous terre.

Michael Rowe décrit avec subtilité le jeu complexe des transferts d’autorité qui organise les relations érotiques de Laura et Arturo. D’évidence macho, lui la soumet de toute sa supériorité de petit taureau moustachu, mais on comprend aussi peu à peu qu’il est le serviteur obéissant de son désir à elle d’avancer au-delà d’elle-même : domination passive et masochisme actif. Deleuze disait très bien que le SM n’était pas organisé autour des valeurs fluctuantes des sensations physiques, mais déterminé par un concept froid : l’obsession du contrat. C’est-à-dire que, entre Arturo et Laura, ce n’est pas tant l’échauffement des sens qui compte que la mise en application d’un pacte tacite qui anticipe (en la dépassant) la nature fondamentalement abusive de toute relation. De manière parfaitement sadienne, l’emprise maximum sur l’autre ne passe d’ailleurs pas par le geste, mais par le verbe, quand Laura raconte à Arturo comment il pourrait lui ouvrir le ventre et jouir dans la plaie sanguinolente tandis qu’elle se pâmerait dans la victoire d’une mort amoureuse.



Mais il semble aussi que le cinéaste se dérobe in extremis face aux exigences de ce qu’il a voulu montrer. La fin du film rabat le projet sur un trauma d’enfance qui oriente le spectateur sur une simple lecture psychologique du parcours de Laura, qui se retrouve curieusement enfermée dans son identité de victime. Quelque chose de l’exigence solide du contrat nous liant au metteur en scène est subitement rompu, de même que Laura est trahie par Arturo au terme d’une ultime négociation. On ne se l’explique pas mais, après tout, cette frustration participe aussi de la persistante impression que laisse ce beau film immobile.
Didier Péron



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de et avec
Mathieu Amalric
avec Mimi Le Meaux, Evie Lovelle, Dirty Martini, Roky Roulette… 1h51.

Tournée, le quatrième film de Mathieu Amalric et qui ouvrait la compétition officielle, consiste en au moins quatre voyages superposés et presque antagonistes dont aucun ne finira vraiment jamais. D’abord un voyage dans le music-hall contemporain avec le show que produit de ville en ville une petite troupe de strip-tease américaine spécialisée dans le new burlesque : cinq filles plutôt potelées, dodues, parfois grassouillettes et un garçon. C’est un voyage au sens fellinien du terme : une succession de numéros de cabarets perçus dans la lumière brouillée de discothèques et de vieux théâtres de province, ou jaillissant dans l’embrasure d’un lourd rideau, ou s’improvisant pendant une répétition. Un défilé de chairs bariolées et de rayons fumants, une exposition morcelée, sexy sans être réellement sexuelle, où les corps offrent en même temps leur beauté et sa dérision. Les pompons tournicotent au bout des seins, les foulards s’échappent des culottes et, sur les pubis, claquent de minuscules bannières étoilées.

Trahisons. Le second voyage est celui par lequel ces plantureuses Américaines découvrent la France. Ou plutôt ne la découvrent pas puisqu’elle se plaignent à leur manager, Joachim, de n’en voir que des hôtels Mercure, des zones commerciales et des boîtes paumées. Le Havre, Nantes, Bordeaux, mais aucun paysage autre qu’urbain, nocturne, gris et postindustriel.

Joachim est le héros de Tournée et il est lui-même l’objet du troisième voyage où nous emmène le film : un voyage dans sa vie. Celle-ci est un champ de guerre. Deux fils bientôt ados dont il ne sait pas s’occuper, une ex-compagne qui ne veut plus le voir, des amis cruels, des ennemis déterminés, des galères d’argent et des trahisons dont Joachim est peut-être le coupable. En tout cas, quand il dit qu’il doit monter à Paris «pour y tuer un type», on ne mettrait pas la main au feu qu’il plaisante.

Enfin, Tournée nous fait voyager avec une élégance et une discrétion renversantes dans ce qu’il faut bien appeler, en faisant le moins peur possible, le meilleur du cinéma français. Dès les premiers plans, le film fait revivre et tenir ensemble le Femmes, Femmes de Paul Vecchiali et le Plaisir de Max Ophüls. A Nantes, ce sera Demy, Melville et pourquoi pas Jim Morrison qu’il enlacera avec un tact immense. Et ainsi de suite, sans jamais donner le sentiment de convoquer des fantômes glacés à bon compte, mais au contraire en dansant sur un brasier d’admiration à demi consciente et portée par la flamme de son sujet : l’éternel féminin où Tournée, son héros et son metteur en scène, joyeusement, se consument.

A ce stade, il ne devrait plus y avoir de suspense. Oui, le cinéaste et Joachim ne font qu’un : Mathieu Amalric, et il n’aurait pas pu en être autrement. C’est Amalric qui régale et offre, à risques maximums, une tournée à cœur ouvert sur une vision profonde, palpitante et donc cardiaque, philosophique et donc morale, de la vie. L’acteur Mathieu est d’un génie inquiétant dans le rôle. L’auteur Amalric est d’une finesse captivante dans la mise en scène. Son cinéma tactile et sobre, chaud et coupant, doué de nouvelles couleurs et lumières, maintient son régime élevé, son rythme percussif et sa consistance sensible sans faux-pas d’un bout à l’autre de l’épopée. En peignant sa fiction sur les décors d’un monde où les nuits sont des espaces-temps prolongés, désynchronisées du monde social habituellement représenté, Amalric offre aussi à son film la liberté de creuser à son tour des galeries dans ses propres nuits talismaniques et improvisées. Les petits matins de Tournée sont des moments de suspension inoubliables.

«Tout est suspect sauf votre corps. Tout. Sauf vous, les filles», dit Joachim à ses danseuses, croyant avoir des choses à leur apprendre à ce sujet. C’est plutôt nous qui profitons de la leçon : «Ça prend du temps pour aimer son corps», pourra-t-on aussi entendre au fil de dialogues dont Joachim-Amalric est l’âme et l’interprète, tout en gaieté malgré les choses graves, tout en légèreté malgré des destins que l’on devine lourds. Dans Tournée, c’est toujours la joie de vivre qui l’emporte : parmi ces femmes qu’il emploie et qu’il admire, le marlou Joachim finira par en élire une. Ce sera Mimi, la belle néo-Marilyn, qui aura vu in fine son morceau de France, en paysages certes, mais surtout en chair et, on l’espère pour elle, en os.
OLIVIER SÉGURET




Lors du Festival des films d'école de Poitiers, Mathieu Amalric était sur scène pour une leçon de cinéma particulière.





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When you're Strange

Tom DiCillo
USA, 2010, 1h30
Narrateur : Johnny Deep
Véritable monstre documentaire, « When you're strange » retrace le parcours d'un des groupes les plus marquants de l'histoire du rock. Exclusivement composé d'images d'archives, dont certaines inédites appartenant aux membres vivants du groupe, le film raconte l'histoire -trop brève- des Doors et de l'Amérique des années 60.
Pour réaliser le film, les producteurs ont fait appel à Tom DiCillo, le réalisateur de « Delirious » et de « Ça tourne à Manhattan ». Une proposition qu'il n'a eu aucun mal à accepter :

« Non seulement ça m'intéressait, j'étais disponible, mais j'avais un concept : n'utiliser que des archives, ce qui permettait de faire un film ancré dans son époque. Ça a plu aux producteurs. »

Résultat : des images de répétitions, des premiers concerts, des sessions d'enregistrement en studio… Pommade documentaire pour nostalgie aigüe. Le tout conté par la voix de Johnny Depp.
Tom DiCillo n'est pas tombé dans l'écueil d'un récit en archives organisé uniquement autour du personnage charismatique de Morrison. Le film fait ressortir chacune des individualités du groupe, en fusion. A l'instar de leurs influences musicales.

Plus en nuances que la fiction d'Oliver Stone en 1992, « When you're strange » montre aussi une époque dont le groupe est le symptôme : l'Amérique des sixties, pétrie de paradoxes. Entre guerre du Vietnam et mouvement hippie, entre société de consommation et contre-culture.





Bonus: Riders on th Storm



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Stephen Frears
Angleterre, 2010, 1h49
Avec : Gemma Arterton, Luke Evans,
Tamsin Greig, Roger Allam
Cannes 2010 hors compétition


Adaptant le roman graphique de Posy Simmonds, lui-même Librement inspiré du roman de Thomas Hardy Loin de la foule déchaînée, le réalisateur britannique nous plonge pour cette fois au cœur d’un village de la campagne anglaise pimpant et paisible, animé par une résidence d’écrivains, tenu par un couple charmant. Madame s’occupe de ses hôtes, leur cuisine scones et biscuits, trouve des noms de personnages pour les livres à succès de son mari et va même jusqu’à lui souffler ses meilleures idées. Pour la récompenser… Monsieur la trompe à tout va. Avec un faible pour les jeunes filles en fleur. A l’image de Tamara Drewe, la nouvelle voisine à la plastique parfaite, qui fait tourner la tête de tous les hommes alentours. A commencer par une rock star dont sont amoureuses deux adolescentes bien décidées à mettre la zizanie au village, histoire de s’amuser un peu.

Frears se fait plus féroce que jamais ici et c’est jubilatoire. Avec les écrivains, tout d’abord, qu’il croque comme des êtres autistes, égocentrique, jaloux les uns des autres. Son portrait d’adolescentes, véritables petites pestes alignant les gros mots comme d’autres enfileraient des perles, vaut à lui seul le déplacement. Plus étonnant encore, la manière de filmer ce village britannique étrangement baigné d’une lumière toscane.





Avec son nez refait, ses jambes interminables, son job dans la presse people, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les coeurs, Tamara Drewe est l'Amazone londonienne du XXIe siècle. Son retour au village où vécut sa mère est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix. Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur de bestsellers, universitaire frustré, rock star au rancart ou fils du pays, tous sont attirés par Tamara dont la beauté pyromane et les divagations amoureuses éveillent d'obscures passions et va provoquer un enchaînement de circonstances aussi absurdes que poignantes.

Toute en jambes moulées dans un mini-short, Gemma Arterton n'en finit plus de faire tourner les têtes. Aussi paumée qu'espiègle, elle donne une dimension sensuelle et libérée à un personnage autour duquel un petit monde de bourgeois bohèmes gravite. Le reste du casting n'en demeure pas moins exemplaire. Mentions spéciales à Dominic Cooper en star du rock et Bill Camp en universitaire américain tentant d'achever son livre depuis des années. Chacun apporte une nouvelle forme de drôlerie et l'empathie éprouvée n'a besoin que d'une scène à chaque fois pour fonctionner à plein régime. On doit cette vitalité à un scénario mêlant astucieusement les codes du vaudeville, une pointe de nonsense et beaucoup d'énergie pop.
Dans Tamara Drewe, on rit comme des fous en assistant à un accident mortel ou à la douleur morale d'un protagoniste. Le film raconte tous les âges, toutes les possibilités, tous les souvenirs qui bâtissent une vie. Il le fait avec une bonne humeur communicative, de l'audace et une spontanéité revigorante. Un vaudeville jubilatoire.

Le Chien Boss, Palme dog Cannes 2010
La Palme Dog est un prix remis durant le Festival de Cannes depuis 2002. C'est un prix d'interprétation parodique à destination du meilleur chien dans un des films de la sélection officielle (en compétition, hors compétition et Un certain regard)





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EVENEMENT PATRIMOINE


Du 23 au 29 Juin
Version inédite restaurée
Haute définition




Michael Powell, Emeric Pressburger
USA, 1949 Version restaurée 2010, 2h13
Avec : Anton Walbrook, Moira Shearer,
Marius Goring

L'un des plus grands films du cinéma anglais, Les Chaussons rouges de Michael Powell et Emeric Pressburger, ressort aujourd'hui dans une magnifique copie restaurée numériquement. L'occasion de revenir sur la gestation de ce chef d'oeuvre et de parler un peu du ravalement de façade salvateur dont il a été l'objet.



Dire que Les Chaussons rouges a marqué l'histoire du cinéma relève de l'euphémisme. Paralysés par ses dépassements de budget, l'extrémisme et la noirceur romantique de son discours (un grand artiste est consumé par son art), ainsi que par les folles expérimentations de sa forme, les investisseurs du film de Michael Powell et Emeric Pressburger, estimant qu'un tel spectacle était irrémédiablement destiné à un échec public, firent tout pour saboter sa sortie anglaise au mois de septembre 1948. Sans soirée de première, sans aucune affiche ni publicité pour le soutenir, le film fut programmé dans une seule salle londonienne, qui plus est lors de séances nocturnes. C'est le succès fracassant du film aux Etats-Unis qui entraînera sa reconsidération et sa sortie dans les salles du reste du monde, assurant du coup au film une postérité jamais démentie. Ce n'est donc pas un hasard si ce sont des cinéastes américains de la trempe de Martin Scorsese, Brian De Palma, Steven Spielberg ou Francis Ford Coppola qui ont largement contribué à cette postérité. Tous traumatisés durant leur jeunesse par la splendeur vénéneuse du chef d'oeuvre de Powell et Pressburger, ils se sont transformés en authentiques VRP du film. Le réalisateur de Casino n'hésite pas à déclarer que c'est, pour lui, « le plus beau film en technicolor » tandis que De Palma, qui avoue s'être inspiré de la scène où Lermontov assiste au spectacle depuis sa loge pour la scène de l'audition dans son Phantom of the Paradise, confie : « Les Chaussons rouges est pour moi le film parfait, je peux me le repasser image par image dans ma tête et c'est plutôt rare. Tout fonctionne à merveille, c'est très novateur, très émouvant. C'est le plus grand film que je connaisse sur la création artistique. C'est pour cela qu'il nous a touchés à ce point, le ballet est une métaphore de toutes les oeuvres artistiques. »



17 minutes sur une autre planète
En plus des deux auteurs/réalisateurs et, ne l'oublions pas, du grand directeur de la photographie Jack Cardiff, qui a contribué pour beaucoup à la magnificence visuelle du film, il y a un quatrième homme qui s'affirme comme l'un des principaux responsables de la réussite des Chaussons rouges : Hein Hekcroth. Ce chef costumier allemand, déjà à l'oeuvre sur deux autres films du tandem Powell/Pressburger, Une question de vie ou de mort et Le Narcisse noir, en plus de créer les costumes du film, a lui aussi remplacé au dernier moment le décorateur Alfred Junge. Double emploi mais ô combien justifié à l'écran, notamment lors de la mythique séquence du ballet, véritable tour de force visuel de 17 minutes pour lequel Heckroth, faisant plus office de directeur artistique que de décorateur, a dû adapter le conte original d'Andersen qui a inspiré le film et lui donner une existence picturale, notamment en réalisant plus de 120 peintures préparatoires (il était peintre de formation) ainsi qu'un story-board animé (sorte d'ancêtre des animatiques) de toute la scène, qui sera d'une grande aide pour le chef-opérateur.



Fuyant comme la peste toute notion de théâtre filmé, cette longue et belle séquence, qui nécessitera à elle seule six semaines de tournage, utilise tous les artifices cinématographiques à sa disposition : les effets spéciaux visuels permettent d'incruster les personnages dans des paysages oniriques (l'orchestre se transforme ainsi en un océan déchaîné) ou de les faire changer de taille, le montage autorise les changements d'arrière-fonds les plus rapides et la stop-motion confère aux fameux chaussons du titre une vie propre. Bref, défiant les lois de la logique et de la représentation théâtrale, la scène du ballet fait basculer le film dans une sorte de poésie fantastique intense et immersive, qui innervera par la suite le reste du métrage. Il fallait au moins ça pour prouver au spectateur combien les artistes qu'on lui montrait étaient des êtres ayant accès à un monde unique et quasi-surnaturel. Un monde qui valait bien qu'on lui sacrifie tout le reste.
Cette restauration numérique permet désormais de redécouvrir le chef d'oeuvre de Powell et Pressburger dans toute sa beauté originelle.
Arnaud BORDAS (Exessif)


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