PROGRAMME du 9 DECEMBRE 2009 AU 19 jANVIER 2010


Un grand merci aux spectateurs, adhérents, réalisateurs, intervenants, associations et partenaires, qui ont fréquenté, soutenu et accompagné dans leur Version Originale plus de 200 films et 1000 séances au Renoir en 2009. En souhaitant vous revoir encore plus nombreux en 2010…


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Jeudi 10 Décembre 2009

Ciné Bistro Philo

18h30
Bistrot Philo


« Pourquoi tant de tolérance ? »

avec Vladimir Biaggi philosophe, et Renaud Garcia auteur du livre Pourquoi tant de tolérance ? ed. Aléas.

La tolérance ? Un écrivain qui avait aussi de l’humour disait naguère qu’il y avait « des maisons pour ça ! ». Si l’on considère volontiers la tolérance comme un idéal susceptible de rendre plus paisibles les rapports entre les hommes tout en favorisant le respect, l’écoute et le dialogue, plusieurs questions se posent : doit-on tout tolérer ?
Peut-on tolérer l’intolérance ?

MEDITATION : "INTOLÉRANCE"
Une bobine de film est retrouvée, montrant la vie d'extra-terrestres: les Zogs. Ceux-ci sont en de nombreux points semblables aux humains, si ce n'est que la tête et les organes sexuels sont "au mauvais endroit". L'assistance qui découvre le film est outrée par l'existence d'êtres aussi scandaleux et demande l'extermination des habitants de la planète Zog.





Buffet (PAF : 3 €)

21h00 FILM

Hadewijch
Bruno Dumont
France, 2009, 1h45
Avec : Julie Sokolowski, Yassine Salim…



Prix de la critique internationale et prix du Public Festival de Toronto

«C’est pas un homme dont j’ai besoin, c’est de Dieu.» Au moment où elle dit cela au jeune Yassine, qui doucement tente son coup, puisque tout lui porte à croire que le courant passe entre Hadewijch, la fille des beaux quartiers (quai d’Anjou sur l’île Saint-Louis, à Paris) et lui, vaguement voleur de scooter.Hadewijchne s’appelle plus Hadewijch dans le film : elle s’appelle Céline. Hadewijch, c’est son prénom mystique, par correspondance, ou plutôt allégeance envers Hadewijch d’Anvers, béguine du XIIe siècle, qui recherchait Dieu hors du couvent dans une expérience extatique.



C’est au couvent que Céline a été rebaptisée ainsi. Mais du couvent, où elle ne porte pas une seconde la robe et où elle reste habillée en «civil», la jeune fille se fait vite virer. Comme n’importe quelle adolescente intense se ferait lourder du bahut, parce que sa dévotion est à la limite de la caricature. Folle de Dieu, comme d’autres, du même âge et de la même allure, peuvent tomber folles de Ian Curtis ou de Rimbaud. Revenue à la ville, où son père est ministre, elle reste une amoureuse du Christ, quoi qu’il arrive et quoi qu’elle fasse, en été, dans Paris qui lui appartient, à elle, comme à Yassine. Lequel, sans malice, l’invite à passer la voir, où comment, sans transition, débarque la folle de Dieu chez les fous de Dieu.

Douceur. Dans l’arrière d’un kebab, Nassir, le grand frère de Yassine, initie des jeunes de sa cité à l’islam. Sur un banc ensoleillé (scène dingue de bout en bout), une discussion d’une grande douceur va amener, d’écoute en écoute, Hadewijch au jihad. Stage au Proche-Orient (Liban), passage à l’acte, événement immontrable, dans une rame du métro parisien. On se rappelle alors qu’Hadewijch est toujours suivie, servilement, d’un petit chien frisé blanc, qu’elle appelle le chien. Il y a un moment où le chien se fait moins présent à l’image. Désormais le chien, c’est elle. Qui suit au trot un discours auquel elle n’entend rien, dont elle ne comprend pas une seconde les enjeux, un pion qui s’enfonce dans sa propre confusion.



Sans doute, faut-il ici préciser, cela pourrait avoir son importance, que Bruno Dumont n’est pas croyant. Mais si la carrière d’Hadewijch apparaît déjà comme compliquée, alors qu’aux yeux de certains ce film est son plus puissant (pas une mince remarque quand on est déjà l’auteur de la Vie de Jésus, de Flandres : des films indélébiles). Pourtant, c’est un film refusé de partout… Cannes n’en a pas voulu, Venise a hésité, mais finalement non. On voit trop ce qui gêne : Dumont filme magnifiquement bien, et avec la plus grande écoute, une fille qui se trompe. Et dont il sait qu’elle se trompe. Et sa mise en scène refuse de la juger. Comme elle n’explique pas non plus le terrorisme mais l’impose comme un fait : c’est là, c’est partout, c’est tous les jours à certains endroits du monde. On a aussi vu des spectateurs avertis bloquer sur le discours sur Dieu, la notion de justice, d’humiliation et s’énerver de la précaution de Dumont à filmer ce qui ne sont que des clichés idéologiquement rentables.

Or, justement, Dumont ne filme que ça : l’erreur. Celle d’une fille qui ne voit pas à quoi elle sert quand d’autres voient déjà avec précision à quoi elle pourra servir. Céline, comme toute mystique, cherche un chemin, mais surtout un chemin où se perdre, la bonne route était à côté d’elle, elle n’a rien vu. La mise en scène le savait, mais comme chez Bresson (celui de Pickpocket, du Diable probablement), elle n’en a rien dit. Son événement de cinéma, c’est de faire l’expérience d’avancer là où c’est casse-gueule, en terrain boueux (la pureté : une blague sinistre) sans se préserver de distance, mais sans toutefois y adhérer.



Ellipse. L’équilibre qu’il invente pour arriver à filmer cette furie mystique, il faut le voir pour le croire : un cinéaste qui manie à ce point la soustraction, l’ellipse, la juste dose propose un film irracontable, comme avant lui Ordet de Dreyer ou, jeune fille du même prénom, le Céline de Brisseau. Avec la même intensité érectile, le même désir d’être possédé par l’invisible (si on vous dit : le film le plus érotique de l’année, vous nous croirez ?)

On disait furie mystique, et il faut, le meilleur pour la fin, décrire Hadewijch, ou plutôt le miracle d’actrice qui la porte, Julie Sokolowski (première fois à l’écran) incurvée sur elle-même, indéchiffrable, en vacance de sens, éperdue, paumée dans le temps, entre autres : rien ne la distingue d’une autre jolie jeune fille de 2009 sinon, tapie dans sa douceur polie et dans un calme flippant, cette attente d’amour dingue qui la fait différente.

PHILIPPE AZOURY

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Mardi 15 décembre 2009 19h00

LE CHANT DU HORS CHAMP

dans le cadre de
Page blanche, écran noir


Une création du Cinéma Jean Renoir et de l’association Autres et Pareils,
sur une idée de Jean-François Szymanski, en partenariat avec la librairie l’Alinéa,
la Maison des Jeunes et de la Culture de Martigues,
Fage éditions et le Musée Muséum Départemental (Gap).

PREMIERE PARTIE

PROJECTION : LE CHANT DU HORS CHAMP
réalisé par la photographe Brigitte Palaggi et
l’écrivain Olivier Domerg



LECTURE :
Laure Ballester, Olivier Domerg et
Christophe Roque





RENCONTRE

avec Brigitte Palaggi et Olivier Domerg

« Réalisée par une photographe et un poète contemporain, suite à une résidence de création, cette exposition artistique propose d’entrer dans les « Autres Alpes ».
Faisant fi du « sublime » et du « grandiose », suspects à leurs yeux de trop d’idéalisation ; introduisant distance et ironie quant aux stéréotypes en vigueur, Brigitte Palaggi (photographe) et Olivier Domerg (écrivain) ont décidé de s’intéresser au « hors champ ». C’est-à-dire, à ce qui est hors cadre, hors convention, bref, à ce qui échappe au regard et à la monstration : « le paysage de tous les jours », celui de nos trajets et de nos vies respectives. Et, entre autres sujets, à la montagne face à l’emprise humaine et au développement urbain ; aux discours politiques, poétiques et touristiques appliqués au paysage. Et aussi, par exemple, à la « transformation du monde en parc de loisir » !…



Sensible, modeste, critique dans son approche, mais pas seulement, ce travail d’une grande richesse, surprenant à plus d’un titre, repose de manière originale et convaincante la question de la représentation du paysage, qu’il soit ou non alpin. L’exposition se double de lectures, de projections d’images et d’interventions des deux artistes, qui, lors des rencontres, expliquant leur démarche, n’hésitent pas à dialoguer avec le public. »
Didier Vergnaud (Le Bleu du ciel, 2009)


Le Chant du Hors Champ
Lien vers le site:



(cliquez sur la photo)




Apéritif dînatoire
offert par Autres et Pareils




DEUXIEME PARTIE






Philippe Fernandez France,
2008, 1h25

Avec : Michel Théboeuf, Bernard Blancan…

Film soutenu par l'ACID
Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion

Tant de films cultivent à mauvais escient l'excentricité, pour conforter le spectateur dans ses habitudes de pensée et tirer ce faisant à bon compte le bénéfice d'une apparente audace. Pour qui aura le courage et la curiosité d'aller voir Léger tremblement du paysage, film a priori sans qualité selon les canons du spectacle cinématographique, une récompense l'attend : celle d'avoir découvert un autre univers, une autre façon de faire du cinéma, une autre curiosité pour le monde qui nous entoure.
Philippe Fernandez, qui enseigne l'art contemporain à l'université de Bordeaux, parvient de fait à nous entraîner avec ce film dans une sorte de dépaysante douceur, dans une disponibilité d'esprit à l'égard de l'inconnu, dans une science poétique de la connaissance du monde dont il faut avouer d'emblée que les mots manquent un peu sinon pour les décrire, du moins pour les faire ressentir.



DÉPOUILLEMENT PROGRESSIF

Cela se présente en tout cas ainsi : quelque part, on ne sait dans quelle campagne, quelques bâtiments modernes, autour desquels évoluent quelques personnages sans liens évidents les uns avec les autres, sous l'oeil avide et joueur de deux adolescents qui découvrent le monde.

Ces personnages n'ont pas de nom mais des passions, qui les isolent du monde autant qu'elles leur permettent de mieux l'étudier, le pénétrer et le transmettre. Ces "originaux" sont des artistes, des scientifiques, des inventeurs, dévoués à leur seule recherche.



Voici donc un peintre, dont la technique très physique suppose une interrogation sur la place de son propre corps dans l'espace : préparation méticuleuse et cérémonielle du cadre, dépouillement progressif de ses oripeaux, transformation de sa propre chair en matière projetée sur la toile. Voici un pilote qui, sur une vieille voiture de rallye brinquebalante, rêve de la "trajectoire parfaite", refait indéfiniment le même circuit chronomètre à la main, consigne des impressions sur un petit Dictaphone et semble vouloir par cette volonté farouche de perfection défier le temps. Voici encore une femme qui étudie dans son laboratoire la morphogenèse, reconstituant l'histoire fascinante des formes prises par les organismes du monde vivant. Comme elle le relève, "on ne s'intéresse pas beaucoup à la forme actuellement".



Un souci que prend en revanche très au sérieux Philippe Fernandez, avec ses cadrages très composés, ses plans-séquences révélant la profondeur du monde qui nous environne, ses rimes de couleurs dominées par le contraste vital du bleu et du blanc, sa façon, drôle et belle à la fois, de décrire l'expérimentation infinie par laquelle l'homme sonde le monde qui l'entoure. Curieux des mystères de l'univers et du désir de connaissance à la fois spirituelle et émotionnelle que l'homme entretient avec eux, le film se constitue pour son propre compte en un microcosme original régenté par ses propres lois, à charge pour le spectateur de les déceler, de les admirer, de leur attribuer éventuellement un sens. La dernière clause est évidemment aléatoire, tant le cheminement qui y mène se suffit à lui-même.
Jacques Mandelbaum




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Pendant quarante-cinq ans (1964-2009), les images perdues de l’Enfer ont sommeillé dans les limbes, Belle au Bois-d’Arcy dormant sur les étagères des Archives du film du CNC, jusqu’au baiser de la résurrection apposé à deux bouches par Serge Bromberg et Ruxandra Medrea. L’Enfer est le film avorté d’Henri-Georges Clouzot sur la jalousie obsessionnelle. Le mari répète : «Ma petite, je ne suis ni un fou ni un monstre…», sa jeune épouse n’est bientôt plus qu’un objet de délire érotomane. Il la voit partout, en rouge et or, déformée, lèvres bleues, seins offerts, dans les bras d’hommes et de femmes en rut. La jalousie, c’est l’incapacité pour l’homme à percer le mystère de la jouissance de la femme.

L’Enfer, le film et le ratage, ressemble à la mise en application parfaite d’une conduite d’échec masculine face à l’absolu féminin. Soit d’un côté un cinéaste pygmalion ultra-autoritaire (le Salaire de la peur, les Diaboliques…) à la popularité énorme, qui avait domestiqué Brigitte Bardot en lui administrant en douce des somnifères pour qu’elle s’effondre pendant un plan. De l’autre, l’ex-Sisi des pâmoisons autrichiennes en pleine splendeur, 25 ans, intelligente, docile mais affichant aussi en permanence un étrange sourire de malice. «Comment supporteras-tu dix-huit semaines de tournage avec Henri-Georges ?» s’interroge-t-elle un jour voyant le maître irascible recommencer perpétuellement des essais de poses, de maquillages, d’éclairages tournoyant. En voyant les premières images, le visage de la star pailleté d’or, démultiplié en milliers de vignettes kaléidoscopiques, les producteurs américains repartent à Hollywood d’où ils passent un coup de fil : «Budget illimité.»

Illusion d’optique. Pour l’entourage du cinéaste, qui témoigne dans le documentaire de Bromberg et Medrea, les vrais ennuis ont commencé à ce moment-là, dans ce feu vert donné à tous les échauffements de cervelle d’un cinéaste qui veut signer un chef-d’œuvre ou rien. Clouzot est complètement emballé par l’art contemporain cinétique à la Vasarely, Rickey, Soto… Il engage d’ailleurs deux de ces nouveaux plasticiens de l’illusion d’optique (Joël Stein et Yvaral) pour qu’ils le conseillent pendant d’interminables expérimentations dans les studios de Boulogne. Les images les plus saisissantes du docu datent de ces mois de préproductions inhabituelles : «Nous ne savions pas à quoi cette masse d’essais allait servir, se souvient Stein, tous les soirs, on se retrouvait pour les rushs, et l’on était fasciné, émerveillé ou plié en deux de rire parce que c’était complètement loupé…»

Une fois, l’heure du tournage arrivée, les trois équipes techniques, les acteurs (dont Serge Reggiani, qui joue le mari psychotique) et le metteur en scène, remplis de visions au bord du collapsus rétiniens, se transportent dans le Cantal, près d’une rivière surplombée par le viaduc de Garabit. On laisse au spectateur le plaisir de découvrir ce qui se passe alors et qui coûtera plus de 5 millions de francs pour 185 bobines inutilisables et un Enfer en miettes.

Certains échecs sont plus flamboyants que toutes les réussites. Le documentaire, qui fonctionne comme un bonus de luxe pour un film inexistant, est aussi une enquête sur l’acte créatif comme boucherie glamour, moment suspendu entre la grâce et le n’importe quoi. Pour Clouzot, le Hitchcock français, 56 ans, il s’agit de faire front face à la vague montante des jeunes pousses issues des Cahiers du cinéma : Chabrol, Rivette, Truffaut. Ce dernier l’avait étrillé dans un article en 1957, lors de la parution d’un livre de Michel Cournot, le Premier spectateur, portrait du cinéaste pendant le tournage des Espions et récit «d’un abus de pouvoir» : «Pendant trois mois, il donnera son "génie" en spectacle et devra porter seul sur ses épaules le poids d’un film qui s’en va à la dérive…» En 1963, Godard a déjà signé le Mépris et en mai 1964, quelques mois avant le début du tournage de l’Enfer, Jacques Demy reçoit la palme d’or pour les Parapluies de Cherbourg.

Tombeau . Quelque chose de la tension entre l’ancien monde et le nouveau se joue de fait à travers l’épilepsie hagarde, brutale, arrogante du film en chantier. Il en restera quelque chose dans la Prisonnière, dernier film achevé de Clouzot, sur la relation SM entre un galeriste torve (Laurent Terzieff) et une banlieusarde émoustillée (Dany Carrel). Le film est loin d’être réussi mais il se termine par un déchaînement «cinétique» plutôt audacieux, la greffe monstrueuse du réalisme psychologique français et du coït optique à la Mario Bava.

En l’état, l’Enfer constitue aussi un tombeau rutilant pour Romy Schneider, témoignage d’une période de joie insouciante précédant les tragédies qui accableront son existence, avant sa disparition précoce à 43 ans en 1982.
DIDIER PERON






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Mardi 12 Janvier 2010
20h30


Ciné Conférence
Animée par Marc ROSMINI
Philosophe Westernien





1961 : J.F.K. est élu nouveau président des États-Unis d’Amérique ; le référendum sur l’autodétermination en Algérie a été accepté par le peuple français ; Carl Gustav Jung, Céline et Ernest Hemingway décèdent à quelques jours d’intervalle ; Louis Armstrong et Duke Ellington enregistrent The Great Reunion ; Brian Epstein devient « le cinquième Beatle »1 ; François Truffaut réalise Jules et Jim ; Gary Cooper tire sa révérence au monde des vivants tandis que Peter Jackson ouvre ses yeux de bambin sur celui-ci. Enfin, cette même année sort l’un des plus grands westerns de l’histoire du cinéma : Les Sept Mercenaires de John Sturges.



Adapté d’un autre grand chef d’œuvre du cinéma japonais, Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa, sorti en 1954, le film narre donc les mésaventures d’un petit village de paysans mexicains en proie à la sauvagerie d’un truand local, Calvera, qui les pille régulièrement afin de nourrir ses hommes de main. Fatigués de servir de garde-manger, les paysans font appel à Chris Adams, énigmatique personnage aux valeurs solides et à son compagnon d’infortune Vin, afin de mettre un terme aux exactions de Calvera. Les deux hommes vont alors monter une petite équipe de mercenaires au grand cœur, tous disposés à aider les mexicains malgré un solde bien maigre.



Bien sûr, on pourra probablement trouver le point de vue du film plutôt naïf aujourd’hui, à une époque où ce genre de thématique a été érodée un million de fois dans des productions plus ou moins heureuses. Ce serait oublier deux points importants : le premier étant que le film date de 1961 et qu’à l’époque, le thème du bandit au grand cœur n’était pas forcément aussi souvent rebattue qu’aujourd’hui. La deuxième tient dans le fait qu’il s’agit avant tout du remake d’un film datant quant à lui de 1954, qui plus est japonais. Les notions de respect, d’honneur, de responsabilité du film prennent alors tout leur sens à la lumière de ses origines. Il suffit de penser à ces gunmen comme des samouraïs pour comprendre sans mal leurs motivations.



Quand bien même ces deux raisons ne suffiraient pas à convaincre les plus sceptiques de la grandeur d’un tel film, il suffira d’évoquer le casting, probablement parmi les plus prestigieux de l’époque : Yul Brynner, magistral Ramses des Dix Commandements de Cecil B. DeMille cinq ans plus tôt ; Steve McQueen jeune premier, avant La Grande Évasion et le fabuleux Bullit ; enfin, le somptueux Charles Bronson dans un des premiers grands rôles de sa carrière. Comme si tout ceci ne suffisait pas, c’est Elmer Berstein qui assure la composition du célèbre score du film.

On ne peut donc qu’encourager ceux qui n’auraient pas vu ce grand classique à se précipiter dans les salles cet été afin de le découvrir dans les meilleures conditions possibles, car même si le DVD paru chez MGM est de très bonne facture, rien ne vaudra jamais l’atmosphère d’une salle obscure. Ceux qui l’ont vu savent déjà qu’ils ne perdront pas leur temps à le voir une nouvelle fois !

Cédric Le Men





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Scène de la cuisine version intégrale:



Sans Commentaire !!!

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Programme du 28 Octobre au 8 Décembre 2009


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MOIS DU DOCUMENTAIRE
5 Soirées Exceptionnelles




FILMS
du 28 Octobre au 8 Décembre 2009






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5 Soirées Exceptionnelles

MOIS DU DOCUMENTAIRE 2009

“La Ruralité
dans tous ses états”


En partenariat avec :
La Médiathèque Louis Aragon
La Ville de Martigues

Le FID Marseille (Festival international du Documentaire)
Les Instants Vidéo, La MJC de Martigues


La campagne ou le « milieu rural » désigne l'ensemble des espaces cultivés, par opposition aux espaces urbanisés. Ces habitants sont les campagnards ou ruraux. On parle aussi de rurbains et de rurbanisation à propos des citadins travaillant en ville, mais venant habiter dans les campagnes. Les habitants des campagnes vivent dans des fermes, dans des bourgs, dans des villages et dans hameaux ou lieu dit. L'activité agricole y occupe une place essentielle mais plus seulement.


“la ruralité dans tous ses états “ propose un regard au delà des champs, vers des paysages humains, des jardins intérieurs ou des projections psycho-sauvages. Peu de bétail donc, mais du détail humain organisé en microcosmes improbables!




TARIFS :
Pass 5 soirées : 12,80 Euros
1 soirée : 5 Euros
Adhérents, Chômeurs, Etudiants : 4 Euros

Chaque soirée sera précédée et suivie d’un moment convivial autour d’un verre ou deux ...



Hinterland
de Marie Voigner

Vendredi 6 Novembre à 20h30
AVANT-PREMIÈRE en présence de Marie Voigner

Du gris, partout. Un ciel plombé, un endroit déserté par la joie. Tout à coup, le ciel devient d’un bleu éclatant ; une mer chaude se déploie au-dessous, entourée d’une forêt tropicale. Bienvenue à « Tropical Island », plus grande halle au monde, ancienne base militaire soviétique.

Le film engage un dialogue entre passé et présent tout en posant un regard ironique sur l’industrie du tourisme. Une confrontation entre deux espaces complètement contradictoires. Le ciel bleu, par endroit, ne recouvre pas totalement la structure métallique de la halle. Le ciel gris, lui, recouvre tous les alentours.
Prix des Médiathèques / FID Marseille 2009






Paul dans sa vie
de Remi Mauger


Vendredi 13 Novembre à 20h30
en présence de Remi Mauger


Il faut revenir, je crois, sur cette étrange - et heureuse - péripétie médiatique. Périodiquement, il arrive qu'un fi lm hors norme, tourné avec peu de moyens pour une station régionale et sans le moindre souci de racolage, accède au rang d'oeuvre véritable. Le talent, le sujet et le bouche-à-oreille suffisent dans ces cas-là à pulvériser les logiques médiatiques ordinaires. "Je connais Paul depuis mon enfance ici dans la Hague, quand tout le monde ou presque était paysan. Lorsque j'avais 20 ans, on me disait de profiter de lui, parce que des comme ça, je n'en verrais plus beaucoup."


"Tu veux faire un film sur moi ? Tu vas te donner bien du mal. Les gens doivent nous trouver folkloriques. Mais moi, je ne suis pas dans le folklore, je suis dans ma vie." Paul dans sa vie va sur ses 80 ans, conscient d'être le dernier des Mohicans. Pour cette mémoire, il a déjà sacrifié beaucoup. Il n'a pas d'enfants et pour sa retraite, il s'est séparé de ses vaches, avec émotion. Dans cette seconde vie, il n'a finalement que ce film pour lui dire qu'au fond, il a eu raison de garder le temple si longtemps.

FIPA d'Argent - FIPA 2005, Prix découverte Scam 2006




La Terre de la Folie
de Luc Moullet

Mercredi 18 Novembre à 20h30
AVANT-PREMIÈRE en présence de Luc Moullet

Cannes 2009 / FID Marseille 2009

Vous connaissez Truffaut, Godard, Chabrol, Rohmer… Pas Moullet ?
Entre humour noir, absurdité et systématisme, Luc Moullet livre un réjouissant docu-fiction sur la folie dans les Alpes du sud.

Moullet, l’enfant du pays devenu critique puis cinéaste parisien, pose sur sa région d’origine un double regard, conforme au décalage mis à l’œuvre dans son cinéma. Narrateur pince sans rire et maladroit, il s’adresse à ses spectateurs face caméra, débutant son recensement morbide avec le triple meurtre commis par un de ses aïeuls, paysan en rogne après qu’on ait déplacé sa chèvre de quelques mètres sans l’avertir. S’ensuivent témoignages des autochtones, reconstitutions champêtres et techniques d’investigation redoutables : on plante des punaises sur une carte de la région et y tend un élastique, pour délimiter un « pentagone de la folie ».


Fréquemment comparé par les journalistes à Jacques Tati (même penchant pour un humour décalé construit sur le systématisme et les absurdités du quotidien), Luc Moullet y oppose un argument de poids : le comique qu’il pratique s’appuie sur la parole. Alors qu’à l’image broutent, tranquilles, une poignée de vaches inoffensives, Moullet assène d’un ton monocorde digne d’un JT régional : « un lieu propice au crime ». Fidèle à sa méthode qui du particulier aboutit au général (« J’en conclus qu’il est plus probable de se faire assassiner par un fou quand on travaille dans un lieu exposé comme La Poste »), le réalisateur filme ces témoignages sanglants dans des cadres bucoliques, travaillant ici encore la figure du décalage et replaçant dans le même mouvement la mort comme évènement le plus banal qui soit.


Interrogé sur son ambition de faire rire avec le tragique, il nous citera en exemples les films de Chaplin et Lubitsch sur le nazisme ou la misère, avant ajouter : « Parler de la mort, c’est le fin du fin pour un cinéaste comique, parce que c’est le sujet le plus dramatique qui soit. Mais c’est aussi une manière de rester vivant. » Ce sera suffisant pour que l’on suspecte La Terre de la folie de n’être qu’un efficace prétexte pour exercer une méthode, la méthode Moullet.




Né en 1937 et cinéphile dès son plus jeune âge, Luc Moullet entre aux Cahiers du cinéma à dix-huit ans aux côtés de Truffaut, Rivette, Godard, Chabrol et Rohmer. Il est l'auteur d'une Politique des acteurs et d'essais sur Buñuel, Lang et King Vidor. Il réalise ses premiers films en 1960. A partir de 1966 il devient acteur en même temps que producteur (de ses propres films mais aussi d'Eustache ou de Duras). A ce jour il a signé trente-huit films de tous formats, du court au long métrage, et de tous genres. Tous sont reliés par un fil d'or et d'Ariane, tendu de bout en bout : le comique. Il est présenté comme le seul cinéaste burlesque de la Nouvelle Vague, il lui suffit de poser son regard sur l'humanité et la société qui l'entourent pour en révéler les travers. Le cinéma compte beaucoup d'historiens mais peu de géographes. Luc Moullet en est un.


Luc Moullet se prête au jeu de l’analyse filmique d’un de ses films favoris, "La Furie du désir", une oeuvre magistrale, réalisée par King Vidor en 1953, qui décrit le désir brisé par l’ambition sociale.







Le Plein Pays
d’Antoine Boutet


Samedi 28 Novembre à 20h30
AVANT-PREMIÈRE en présence d’Antoine Boutet

et de Nicolas Féodoroff Critique d’Art et de Cinéma

Le plein pays n’est pas plein, il est creux, rongé de galeries, de trouées. Sous la surface, il y a à voir, à dire même. À qui la faute ? Un individu solitaire, résidant de quelque forêt française, s’y emploie. Sisyphe à l’envers depuis trente ans, il creuse le sol, s’engouffre au fond, orne les parois de ses grottes privées de gravures naïves, mythes personnels, bestiaires sommaires. Mais là n’est pas l’essentiel. Antoine Boutet ne s’attache pas au énième facteur Cheval, même si l’on voit le malheureux traîner ses masses de pierre, ni au pittoresque touchant d’un représentant de plus de l’art brut, même si l’expert commente par le menu sa production à la lumière d’une torche. Ce serait davantage l’Enfant Sauvage devenu vieux. Et ce qu’il creuse, à la force de ses jambes, de ses bras, c’est lui, son antre, son intérieur, autrement dit sa voix, sa résonance, son écho – son plain-chant. Toute la singularité du film tient exactement là: faire coïncider un jeu vocal, qui tire Brel du côté d’Artaud, avec un horizon tellurique. Le son ici est premier, miraculeux, et c’est de lui que s’étonne notre bavard Yeti. Passionné de radio, il écoute pour enregistrer sur un magnétophone précaire, répéter ensuite, réenregistrer. Sa passion ? Mener sa propre fouille archéologique, à la remontée de son passé, à la recherche de son pays. Jean-Pierre Rehm
FID Marseille 2009 / Prix GNCR





Le NON URBAIN
Jeudi 26 Novembre 18h30 & 20h30


Soirée proposée dans le cadre de

la 22 ème édition des Instants Vidéos
En partenariat avec La MJC de Martigues
(Entrée Libre)

Programme 1 : Que l'on travaille le texte, l'image numérique, ou le documentaire voici différentes manières de questionner notre société par le biais de l'humour, du jeu, de l'enquête ou de la méditation philosophique.
Programme 2 : Comment nous positionnons-nous, nous engageons-nous dans notre société? De quelles actions sommes nous capable en réaction à l'urbanisme galopant?
Sommes-nous devenus archaïques avant d'avoir été modernes?

Collation offerte entre les 2 programmes



En Contre-Champ

à la Médiathèque Louis Aragon

VENDREDI 20 NOVEMBRE 18H30
« LES DE-TRACTEURS »

Jean-Louis CROS

Jeunes ou plus âgés, trois couples d'agriculteurs réagissent aux perversions de la mondialisation en ré-introduisant les animaux de trait sur leurs terres.
Prix du Public au festival international du film documentaire sur la ruralité "Caméra des Champs".
RENCONTRE ET DEBAT AVEC LE REALISATEUR ET PRESENTATION DES AMAP « Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne »
Après la rencontre, les AMAP du pays martégal et la Médiathèque Louis Aragon
vous invitent à passer un moment convivial autour d’un « Buffet Champêtre »

SAMEDI 7 NOVEMBRE14H30

« LA RURALITE TOUT COURT »

Programme de court- métrages. En collaboration avec l’Association Apatapela.

Les projections seront suivies d’une rencontre animée par Franck Gabriel, en présence de Marie Voignier et Jeannette Paillan.




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Soirée
URGENCE CLIMATIQUE

Jeudi 3 Décembre 2009
20h30

L'Age des Stupidités

The age of Stupid, 2009, 1h29
de Franny Amstrong avec Pete Postlethwaite

suivi d'un débat avec le collectif
Martigues Urgence Climatique
Justice Sociale

www.climatjustice.org


Du 7 au 18 décembre 2009, la Conférence des Nations Unis sur le changement climatique se tiendra à Copenhague. L’avenir de l’humanité en est l’enjeu. Les négociations semblent dans l’impasse et les projets de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES) sont bien en deçà du nécessaire. Pour les experts du GIEC (groupe intergouvernemental d’étude du climat), les grands pays industrialisés comme la France devraient s’engager à une réduction de 40% des GES d’ici 2020. Sur tous les continents la mobilisation citoyenne se développe à travers réseaux et collectifs locaux. A Martigues, un collectif citoyen a été crée, sur la base du réseau international

 

Au milieu du XXIème siècle, dans un monde dévasté par les dérèglements climatiques, un homme découvre les informations télévisées de 2008 et se demande avec effroi pourquoi personne n’a rien fait à l’époque pour sauver la planète. Il faut croire que c’était "l’âge de la stupidité"... Pete Postlethwaite, qui tient le rôle principal, a été nominé aux Oscars pour son rôle dans le film.
Le film dénonce crûment la lâcheté du monde actuel, et invite le spectateur à réagir dès maintenant, pendant qu'il est encore temps. Franny Armstrong, la réalisatrice, et Lizzie Gillett, la productrice, sont courageuses : elles ont rassemblé 228 personnes qui ont mis un peu d'argent pour leur permettre de réaliser le film.



Tout est dit dans le titre de ce nouveau documentaire... ou presque. Réalisé par Franny Armstrong, ce film est déjà visible dans 700 cinémas et plus de 60 pays depuis le 22 septembre 2009. Si vous n'en n’avez pas entendu parler, c'est probablement parce que vos oreilles n'ont pas tilté en percevant pour la énième fois dans les médias qu'un nouveau documentaire écolo arrivait sur les écrans. Après le succès et le tapage médiatique qui ont suivi le film Home, vous pensiez avoir fait le tour du cinéma écolo... détrompez-vous ! The age of stupid mérite le détour ne serait ce que pour la production réalisée grâce au principe du crowdfunding. En clair, le budget de 500 000 euros a été financé grâce aux dons de 228 particuliers. Le film n'est donc plus soumis à aucune pression commerciale ou politique et l'indépendance de ce documentaire écolo est normalement garantie.




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La Danse, Le Ballet de l’Opéra de Paris
Documentaire de
Frederick Wiseman

2009, France





Frederick Wiseman, pionnier du cinéma documentaire a installé sa caméra durant sept semaines au cœur de l'Opéra de Paris.
Des coulisses des ateliers de couture aux représentations publiques et à travers les différentes étapes de la vie d’un danseur pour devenir étoile, LA DANSE montre le travail de tous ceux qui donnent corps au quotidien à des spectacles d’exception.




Transformer un art vivant (la danse) en art mort (un film) est une entreprise périlleuse (la télé s’y casse les dents). Après La Comédie-Française il y a près de quinze ans (1996), Frederick Wiseman (l’un des plus grands documentaristes vivants) s’intéresse aujourd’hui à l’une des plus nobles institutions (c’est son sujet depuis les années 60) de notre pays : le Ballet de l’Opéra de Paris. La Danse fera plaisir à deux types de spectateurs potentiels (les uns pouvant se fondre avec les autres) : les nombreux heureux qui apprécient, raffolent de ou connaissent bien la danse (classique, moderne, peu importe), qui seront ravis de voir leurs stars préférées (les étoiles de l’Opéra) ou de plus modestes danseurs travailler à la barre en justaucorps, remettre leur ouvrage sur le métier (ou le contraire), se faire souffrir comme des bêtes sadomaso, répéter leurs pas de danse et leurs spectacles, etc. Et les amateurs de cinéma qui, eux, trouveront dans le travail de Wiseman source à réflexion.

Car le cinéaste américain, par le montage (jamais de voix off chez lui), s’attache à décrire les mécanismes de transmission d’un savoir fragile, éphémère, volatil. Et c’est là que l’art mort frappe fort. Ici, on sent le temps passer dans son corps et sur le corps des autres. Les chorégraphes ont tous un air d’éternel adolescent mais leurs cheveux gris, leurs muscles raidis ou leur petit bidon naissant les obligent aujourd’hui à se couler à leur tour dans la peau de ceux qui les ont formés, et à répéter leurs gestes et leurs leçons. Tel chorégraphe rappelle à l’ordre une danseuse parce qu’elle danserait trop “à la moderne” alors qu’il lui demande de respecter la tradition. Tel autre chorégraphe (puisqu’on ne connaît jamais le nom des gens dans les films de Wiseman) travaille sur une création. Que l’un invente ou que l’autre fasse revivre les déplacements de Marius Petipa (le premier à avoir “écrit” la danse), tous exercent la même tâche : perpétuer des techniques qui, sans eux, disparaîtraient pour de bon. Qu’un Etat juge que l’enjeu en vaut la chandelle, que le peuple doit participer financièrement à la transmission d’un art pourrait avoir a priori quelque chose de beau et d’émouvant. Mais Wiseman décrit avec malice l’ambiguïté de la situation : comment, au sein d’une institution aussi rigide que l’Opéra de Paris, où le terme de hiérarchie prend tout son sens (on ne mélange pas premier danseur et étoile comme cela), où l’administration n’est pas un vain mot, comment trouver le juste équilibre entre la tradition et l’innovation ? Comment l’art réussit-il à trouver sa voie, entre le passé et le futur ?

J.B.Morain



Dossier de Presse:








Entretien avec Frederick Wiseman par Francois Niney: (cliquez sur la photo)



Frederick Wiseman réalise son premier documentaire, Titicut Follies, en 1967 dans un hôpital pour criminels psychopathes. Dès lors, il instaure un style et une technique pour éviter les clichés et réduire au maximum la subjectivité : il passe beaucoup de temps avec ses protagonistes avant le tournage ce qui a tendance à faire oublier la caméra; il détermine son sujet pendant le montage; il n'utilise pas la voix-off et les commentaires; il étale ses films dans la longueur (souvent plus de 3 heures) et privilégie le plan-séquence.
Dans les années 70, il s'intéresse aux effets dramatiques et inhumains de la bureaucratie dans Law and Order, Juvenile court, and Welfare. Dans les années 80, il aborde l'influence de la société de consommation américaine dans le monde avec The Store, Model et Sinai Field Mission tandis que Blind, Deaf, Multi-Handicapped (tous les trois tournés en 1987) et Near death traite des handicaps physiques et de leurs impacts sur l'esprit.
Dans les années 90, il aborde de nouveau des thèmes sociaux avec Public Housing (1997) sur la misère d'un ghetto noir de Chicago, Belfast, Maine (1999) ou Domestic Violence (2001).
En 2002, après avoir reçu des dizaines de prix à travers le monde pour ses documentaires, il tourne son premier film de fiction, La Dernière lettre, sur le génocide des juifs pendant la deuxième guerre mondiale.


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LE RUBAN BLANC







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IRENE

Comment faire un film sur Irène ? Voici l'entêtante question que se pose le cinéaste Alain Cavalier dans son nouveau film. Entre cette femme et le cinéaste de Thérèse, une relation qu'on devine forte et en même temps pleine d'ombres. Irène a disparu début 1972. Reste un journal intime retrouvé trente-sept ans après. Comment retracer au plus près cette histoire, cet amour, cette disparition ?Après un début de carrière « classique » au début des années soixante, Le Combat dans l'île ou La Chamade, Alain Cavalier a décidé de se tracer un itinéraire filmique singulier. De Thérèse à Libera Me en passant par Le Filmeur, sa trajectoire demeure terriblement attachante. Dans Irène, il cherche à faire revivre Irène, qui mourut d'un accident de voiture. À l'aide d'une simple caméra DV, Cavalier convoque ses propres souvenirs. Il filme des objets ayant appartenu à sa femme. Le film se mue bientôt en une enquête quasi psychanalytique. Cavalier retourne sur des lieux du drame. Et l'émotion submerge le spectateur. Un bouleversant film incantatoire et cathartique.


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LES HERBES FOLLES







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VISAGE



Hommage au cinéma et à la Nouvelle Vague autour de l’histoire d’un cinéaste chinois qui réalise au Louvre une comédie musicale sur le mythe de Salomé. « Proposer le musée du Louvre comme laboratoire de réalisation c’est espérer recevoir en retour un autre regard, non institutionnel, à la fois sur le lieu, les collections et l’institution elle-même. » Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre



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SAMSON
&
DELILAH









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Mort de Paul Carpita,
grand cinéaste et homme de coeur



Notre ami Paul Carpita, qui paya de sa carrière d’avoir réalisé le Rendez-vous des quai, est décédé samedi à son domicile à l’âge de quatrevingt- six ans.
On a beau savoir que tout arrive un jour, cela fait comme un coup d’épieu dans les tripes. Paul n’est plus. On le revoit encore comme si c’était hier, en plein tournage de nuit, avec un caban bleu de marin et la casquette vissée au crâne, ses petites lunettes d’instit rigolard, sa voix incroyablement chaleureuse à laquelle aucune uniformisation du langage n’avait jamais réussi à faire perdre sa faconde et son accent marseillais. Paul, lucide et modeste au demeurant, roulait les sons avec gourmandise, qu’il parlât des amis, du Parti communiste ou de tous les films qu’il avait encore en projet, mélangeant travail du deuil et espoir d’y parvenir quand même. La dernière fois qu’il nous avait appelés, c’était pour signaler la parution de ses oeuvres en vidéo et celle du beau livre d’entretien coécrit avec Claude Martino, notre estimé confrère de la Marseillaise. On avait écrit, bien sûr, avec joie.

PÈRE DU CINÉMA HUMANISTE, ISSU DE LA RUE

Né le 12 novembre 1922 dans la ville qu’il n’allait pas quitter, Marseille, d’un père docker et d’une mère poissonnière, il sera instituteur presque toute sa vie, faisant tourner élèves et amis dans la Récréation, Marseille sans soleil, Graines au vent…, ses premiers courts métrages qui ne sont pas sans rappeler Jean Vigo. « Dès que j’ai su me servir d’une caméra, je l’ai tournée du côté des millions de gens qui ressemblent à papa et maman, les gens humiliés, méprisés », dit-il. Confirmation avec son premier long métrage, le Rendez-vous des quais, histoire d’amour entre un docker et une ouvrière lors des grandes grèves sur le port visant à retarder le départ des bateaux en partance pour l’Indochine. Ce film est le chaînon manquant entre Toni, de Renoir, et donc tout le néoréalisme italien qui en découle, et les débuts de la nouvelle vague, quand Jacques Rozier filme les jeunes zigzaguant sur leurs scooters dans les rues de Cannes. Sinon que le film de Carpita, militant communiste, est censuré et saisi dès la première projection, le 12 août 1955. Le nom du Marseillais n’est guère connu à Paris. Lui ne sait rien des rouages des commissions ministérielles de la capitale. L’oeuvre tombe dans l’oubli pour ne réapparaître dans toute son aveuglante lumière que lors de sa résurrection, en 1989. Enfin, grâce lui est rendue. Paul est ravi, mais a alors soixante-sept ans. Peu importe. Pris d’une nouvelle jeunesse, Paul Carpita renie les décennies d’inactivité et décide de se venger du temps. Son deuxième long métrage, les Sables mouvants, en 1995, n’est sans doute pas en phase stylistique avec ce qui se fait alors mais il marque une magnifique continuité dans la foi en le grand cinéma humaniste, généreux et issu de la rue. Il en va de même avec son troisième et dernier long métrage, qui répond au double et superbe titre de Marche et rêve et les Homards de l’utopie. Ces derniers temps, Paul Carpita préparait un nouveau film, le Dessin, en compagnie de Claude Martino. On n’est pas étonné d’apprendre qu’il est mort dans l’action. Paul restera comme un modèle de cinéaste n’ayant jamais baissé les bras. Son travail n’a pas fini de nous hanter.
JEAN ROY







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