Programme du 9 janvier au 26 février 2013

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ECRANS VOYAGEURS

Marseille Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture
Ecrans Voyageurs est une coproduction Marseille Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture, Cinémas du Sud, et tilt, en partenariat avec Positif, revue de cinéma.



Du 7 au 10 février 2013



LAURENT CANTET

Rétrospective, Rencontre, Leçon de Cinéma, 
Carte Blanche...








BA CANTET - HD 1080p par renoir1






Jeudi 7/02
20h00 : L'emploi du temps + Débat avec Laurent Cantet


Vendredi 8/02 
14h00 : Entre les Murs rencontre des scolaires avec Laurent Cantet
19h00 : Court métrages de Laurent Cantet   - buffet - Ressources Humaines
Débat avec Laurent Cantet

Samedi 9/02
16h00: Vers le Sud
18h00 : Leçon de Cinéma 
avec Laurent Cantet et Marc Cerisuelo de la Revue Positif 
- buffet -   
Foxfire

Dimanche 10/02
16h00 : Carte Blanche à Laurent Cantet : Badland de Terrence Malick
19h00 : Entre les Murs

Toutes les Infos sur le site : cinemajeanrenoir.blogspot.fr et ecransvoyageurs.fr
Tarifs : 5 euros, Soirée Complète avec Buffet : 12 euros


Fils d'enseignants, Laurent Cantet obtient une maîtrise d'audiovisuel, puis intègre l'IDHEC. Diplômé de la prestigieuse école en 1986 il signe pour la télévision un documentaire sur la guerre du Liban (Un été à Beyrouth, 1990). Il se fait bientôt remarquer grâce à deux courts métrages dans lesquels il traite d'emblée deux de ses thèmes fétiches : la lutte des classes dans Tous à la manif (Prix Jean-Vigo 1995) et les liens familiaux dans Jeux de plage (1995).
Après avoir réalisé en 1999 Les Sanguinaires, Laurent Cantet tourne son premier long métrage de cinéma : Ressources humaines (1999). Fidèle aux mêmes sujets, Cantet aborde la question du travail dans son deuxième long métrage, L'Emploi du temps, primé à Venise en 2001. Avec Vers le sud, lui aussi présenté à la Mostra, le cinéaste se confronte à une terre lointaine, Haïti. Cantet se lance ensuite dans l'adaptation du roman de François Bégaudeau Entre les murs (Palme d'or à Cannes en 2008), dans lequel l'auteur évoque son quotidien de professeur de français dans un collège difficile. En 2012, il collabore avec sept réalisateurs et signe la mise en scène de La Fuente de 7 jours à la Havane et réalise Foxfire.



LAURENT CANTET OU L’ART DE MONTRER
Laurent Cantet est un homme de groupe et un solitaire, un cinéaste attentif à la jeunesse qui ne sombre jamais dans le « jeunisme », un auteur fasciné par les situations limites, mais qui sait les rendre palpables, compréhensibles, quasiment évidentes. Le groupe auquel il appartient en premier lieu est celui qui se forme à l’Idhec au milieu des années 1980 : le futur cinéaste y côtoie notamment Gilles Marchand, co-scénariste de ses premiers films, Les Sanguinaires (film TV, 1997) et Ressources humaines (1999), et Robin Campillo qui sera son monteur sur tous ses films avant Foxfire (2012) et son scénariste pour L’Emploi du temps (2001), Vers le sud (2005) et Entre les murs (2008). Marchand et Campillo poursuivent par ailleurs une œuvre personnelle (par exemple, Qui a tué Bambi ? pour le premier, Les Revenants – le film ! _ pour le second) ; d’autres cinéastes, comme Dominik Moll, appartiennent à la même constellation. Il s’agit donc d’un groupe authentique, d’une association d’égaux plutôt que d’une conjuration d’egos où le travail spécifique rejoint et permet l’œuvre singulière. Une telle façon de procéder, alliant confiance et simplicité, se retrouve chez Carole Scotta et Caroline Benjo qui, avec leur société « Haut et Court » produisent les films des uns et des autres, donnant l’impression de découvrir le mouvement en marchant – ce qui est après tout la meilleure façon de faire du cinéma.

Il ne faudrait pourtant pas croire à une histoire sans heurts, couronnée comme de surcroît par une palme cannoise pour Entre les murs. Le film faisait suite à l’échec commercial de Vers le Sud, film ambitieux qui, mêlant trois récits de Dany Laférière, montrait l’une de ces situations du monde actuel – ici le tourisme sexuel – que Laurent Cantet est à la fois l’un des rares à aborder, et l’un des seuls à sortir du cliché. La rivalité des deux femmes et les stratégies à l’œuvre pour obtenir les « faveurs » du jeune haïtien se révèlent aussi essentielles que la dénonciation pure et simple. Un film de Cantet n’est jamais manichéen parce que, tout simplement, il ne peut pas l’être : son projet et sa réalisation montrent que « nous sommes tous embarqués » dans un monde qui est ce qu’il est et où chacun agit à sa place – non pas celle qui lui serait attribuée de toute éternité en conformité à un ordre des choses, mais bel et bien celle où l’on se trouve. Il y a du passage et de la relation ; il y a aussi du frottement. On a ainsi pu assister à des débats insensés (au sens propre) à propos d’Entre les murs, tout simplement parce que les représentations prenaient la place d’une réalité pourtant parfaitement « modélisée » dans le film. On peut toujours rappeler avec Epictète que « ce ne sont pas les choses elles-mêmes qui tourmentent les hommes, mais les opinions qu’ils forment sur les choses » ; on doit aussi se demander pourquoi une institution qui a pour fonction de transmettre choisit de ne pas voir, notamment là où la transmission peut être effective. Il y a une croyance foncière chez Cantet dans le pouvoir de la monstration, c’est-à- dire dans l’essence même du cinéma, art et pratique où l’on ne peut voir une chose que si quelqu’un nous la montre. Nous montrer, par exemple, le personnage principal des Sanguinaires qui perd peu à peu le contact avec le monde et les siens parce que lui aussi poursuivait déjà une idée (pas si mauvaise au départ : fuir le réveillon de l’an 2000...) et en restait prisonnier. Nous montrer dans Ressources humaines comment doivent correspondre un individu et une fonction en dépit du réel (familial, amical, professionnel) qui lui aussi est montré. Nous montrer, et finalement il n’y aurait qu’une différence de degré avec les exemples précédents, un Jean-Claude Romand prisonnier moins de sa folie que de son « emploi du temps », poursuivant logiquement l’idée de ce qu’il pense correspondre à son identité. Dans chacun des cas, la mise en question du lien social n’est pas une vue de l’esprit, elle s’attache toujours à la position d’un individu placé en porte-à-faux et devant composer avec les attentes du monde extérieur. C’est aussi, du moins en apparence, la position du professeur d’Entre les murs mais la positivité et l’énergie qui se dégagent d’une relation tout aussi violente laisse entrevoir une évolution nette dans ce jeu de l’individu et du groupe. Laurent Cantet en donne une preuve évidente dans Foxfire, à la fois par ce qu’il montre (l’utopie d’un « gang » de filles en guerre contre le machisme dans l’Amérique d’Eisenhower) et par l’attitude ouverte d’un cinéaste poursuivant autrement - aux Etats-Unis, en anglais et avec un groupe féminin - le même désir de montrer sans juger et sans avoir peur désormais des effets d’une saine exaltation.                                       
 Marc Cerisuelo



Ressources Humaines


L'Emploi du Temps


Vers le Sud


Entre les Murs


Foxfire