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ECRANS VOYAGEURS
Marseille Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture
Ecrans Voyageurs est une coproduction Marseille Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture, Cinémas du Sud, et tilt, en partenariat avec Positif, revue de cinéma.
Du 7 au 10 février 2013
LAURENT CANTET
Rétrospective, Rencontre, Leçon de Cinéma,
Carte Blanche...
20h00 : L'emploi du temps + Débat avec Laurent Cantet
Vendredi 8/02
14h00 : Entre les Murs rencontre des scolaires avec Laurent Cantet19h00 : Court métrages de Laurent Cantet - buffet - Ressources Humaines -
Débat avec Laurent Cantet
Samedi 9/02
16h00: Vers le Sud
18h00 : Leçon de Cinéma
avec Laurent Cantet et Marc Cerisuelo de la Revue Positif
- buffet -
Foxfire
Dimanche 10/02
16h00 : Carte Blanche à Laurent Cantet : Badland de Terrence Malick
19h00 : Entre les Murs
Toutes les Infos sur le site : cinemajeanrenoir.blogspot.fr et ecransvoyageurs.fr
Tarifs : 5 euros, Soirée Complète avec Buffet : 12 euros
Fils d'enseignants, Laurent Cantet obtient une maîtrise d'audiovisuel, puis intègre l'IDHEC. Diplômé de la prestigieuse école en 1986 il signe pour la télévision un documentaire sur la guerre du Liban (Un été à Beyrouth, 1990). Il se fait bientôt remarquer grâce à deux courts métrages dans lesquels il traite d'emblée deux de ses thèmes fétiches : la lutte des classes dans Tous à la manif (Prix Jean-Vigo 1995) et les liens familiaux dans Jeux de plage (1995).
Après avoir réalisé en 1999 Les Sanguinaires, Laurent Cantet tourne son premier long métrage de cinéma : Ressources humaines (1999). Fidèle aux mêmes sujets, Cantet aborde la question du travail dans son deuxième long métrage, L'Emploi du temps, primé à Venise en 2001. Avec Vers le sud, lui aussi présenté à la Mostra, le cinéaste se confronte à une terre lointaine, Haïti. Cantet se lance ensuite dans l'adaptation du roman de François Bégaudeau Entre les murs (Palme d'or à Cannes en 2008), dans lequel l'auteur évoque son quotidien de professeur de français dans un collège difficile. En 2012, il collabore avec sept réalisateurs et signe la mise en scène de La Fuente de 7 jours à la Havane et réalise Foxfire.
Après avoir réalisé en 1999 Les Sanguinaires, Laurent Cantet tourne son premier long métrage de cinéma : Ressources humaines (1999). Fidèle aux mêmes sujets, Cantet aborde la question du travail dans son deuxième long métrage, L'Emploi du temps, primé à Venise en 2001. Avec Vers le sud, lui aussi présenté à la Mostra, le cinéaste se confronte à une terre lointaine, Haïti. Cantet se lance ensuite dans l'adaptation du roman de François Bégaudeau Entre les murs (Palme d'or à Cannes en 2008), dans lequel l'auteur évoque son quotidien de professeur de français dans un collège difficile. En 2012, il collabore avec sept réalisateurs et signe la mise en scène de La Fuente de 7 jours à la Havane et réalise Foxfire.
LAURENT CANTET OU L’ART DE MONTRER
Laurent Cantet est un homme de groupe et un solitaire, un cinéaste
attentif à la jeunesse qui ne sombre jamais dans le « jeunisme », un auteur
fasciné par les situations limites, mais qui sait les rendre palpables, compréhensibles,
quasiment évidentes. Le groupe auquel il appartient en premier lieu est celui
qui se forme à l’Idhec au milieu des années 1980 : le futur cinéaste y côtoie
notamment Gilles Marchand, co-scénariste de ses premiers films, Les
Sanguinaires (film TV, 1997) et Ressources humaines (1999), et Robin Campillo
qui sera son monteur sur tous ses films avant Foxfire (2012) et son scénariste
pour L’Emploi du temps (2001), Vers le sud (2005) et Entre les murs (2008).
Marchand et Campillo poursuivent par ailleurs une œuvre personnelle (par
exemple, Qui a tué Bambi ? pour le premier, Les Revenants – le film ! _ pour le
second) ; d’autres cinéastes, comme Dominik Moll, appartiennent à la même
constellation. Il s’agit donc d’un groupe authentique, d’une association
d’égaux plutôt que d’une conjuration d’egos où le travail spécifique rejoint et
permet l’œuvre singulière. Une telle façon de procéder, alliant confiance et
simplicité, se retrouve chez Carole Scotta et Caroline Benjo qui, avec leur
société « Haut et Court » produisent les films des uns et des autres, donnant
l’impression de découvrir le mouvement en marchant – ce qui est après tout la
meilleure façon de faire du cinéma.
Il ne faudrait pourtant pas croire à une histoire sans heurts,
couronnée comme de surcroît par une palme cannoise pour Entre les murs. Le film
faisait suite à l’échec commercial de Vers le Sud, film ambitieux qui, mêlant
trois récits de Dany Laférière, montrait l’une de ces situations du monde
actuel – ici le tourisme sexuel – que Laurent Cantet est à la fois l’un des
rares à aborder, et l’un des seuls à sortir du cliché. La rivalité des deux
femmes et les stratégies à l’œuvre pour obtenir les « faveurs » du jeune
haïtien se révèlent aussi essentielles que la dénonciation pure et simple. Un film
de Cantet n’est jamais manichéen parce que, tout simplement, il ne peut pas
l’être : son projet et sa réalisation montrent que « nous sommes tous embarqués
» dans un monde qui est ce qu’il est et où chacun agit à sa place – non pas
celle qui lui serait attribuée de toute éternité en conformité à un ordre des
choses, mais bel et bien celle où l’on se trouve. Il y a du passage et de la
relation ; il y a aussi du frottement. On a ainsi pu assister à des débats
insensés (au sens propre) à propos d’Entre les murs, tout simplement parce que
les représentations prenaient la place d’une réalité pourtant parfaitement «
modélisée » dans le film. On peut toujours rappeler avec Epictète que « ce ne
sont pas les choses elles-mêmes qui tourmentent les hommes, mais les opinions
qu’ils forment sur les choses » ; on doit aussi se demander pourquoi une
institution qui a pour fonction de transmettre choisit de ne pas voir,
notamment là où la transmission peut être effective. Il y a une croyance
foncière chez Cantet dans le pouvoir de la monstration, c’est-à- dire dans
l’essence même du cinéma, art et pratique où l’on ne peut voir une chose que si
quelqu’un nous la montre. Nous montrer, par exemple, le personnage principal
des Sanguinaires qui perd peu à peu le contact avec le monde et les siens parce
que lui aussi poursuivait déjà une idée (pas si mauvaise au départ : fuir le
réveillon de l’an 2000...) et en restait prisonnier. Nous montrer dans
Ressources humaines comment doivent correspondre un individu et une fonction en
dépit du réel (familial, amical, professionnel) qui lui aussi est montré. Nous
montrer, et finalement il n’y aurait qu’une différence de degré avec les
exemples précédents, un Jean-Claude Romand prisonnier moins de sa folie que de
son « emploi du temps », poursuivant logiquement l’idée de ce qu’il pense
correspondre à son identité. Dans chacun des cas, la mise en question du lien
social n’est pas une vue de l’esprit, elle s’attache toujours à la position
d’un individu placé en porte-à-faux et devant composer avec les attentes du
monde extérieur. C’est aussi, du moins en apparence, la position du professeur
d’Entre les murs mais la positivité et l’énergie qui se dégagent d’une relation
tout aussi
violente laisse entrevoir une évolution nette dans ce jeu de l’individu et du
groupe. Laurent Cantet en donne une preuve évidente dans Foxfire, à la fois par
ce qu’il montre (l’utopie d’un « gang » de filles en guerre contre le machisme
dans l’Amérique d’Eisenhower) et par l’attitude ouverte d’un cinéaste
poursuivant autrement - aux Etats-Unis, en anglais et avec un groupe féminin - le même désir de montrer sans juger et sans avoir peur désormais des effets
d’une saine exaltation.
Marc Cerisuelo
Ressources Humaines
L'Emploi du Temps
Vers le Sud
Entre les Murs
Foxfire