Programme du 23 juillet au 16 septembre













Jacques Tati, de son véritable nom Jacques Tatischeff, est né le 9 octobre 1907 au Pecq (Yvelines). Il grandit avec sa sœur dans un univers éclairé et bourgeois qui lui permet d’aller très jeune au théâtre et au cinéma. En 1928, après son service militaire, Tati intègre la prestigieuse équipe de rugby du Racing Club de France. C’est à partir de cette époque qu’il improvise ses premières pantomimes comiques et donne son premier spectacle de music-hall, de 1931 à 1934, dans la revue annuelle du Racing. La presse est, dès le départ, unanime et célèbre en Tati une nouvelle vedette de la scène. De 1932 à 1938, Tati participe à cinq courts métrages en qualité de comédien ou de scéna- riste. Il réunit autour de lui des gens aussi divers que le clown Rhum, le jeune opérateur René Clément (qui signe la réalisation de Soigne ton gauche en 1936), ou le producteur Fred Orain.
Démobilisé en 1943, Tati s’installe en zone libre, près du village de Sainte-Sévère-sur-Indre, avec son ami le scénariste Henri Marquet. Ils y écrivent le scénario de L’École des facteurs qui sera réalisé et joué par Tati en 1946. Le film est un succès. C’est la première apparition du personnage de François le facteur. Et le véritable début de sa carrière ciné- matographique. Entre 1946 et 1947, Tati commence son premier long métrage, extension et transfor- mation de L’École des facteurs. Jour de fête (1949) mettra deux ans à trouver un distributeur mais sera finalement un immense succès. On salue l’apparition d’une nouvelle forme de burlesque pour lequel le travail sur le son est perçu comme inédit et révolutionnaire. Insensible aux multiples propositions, Tati refuse de poursuivre les aventures de Fran- çois le facteur et veut surtout suivre sa propre voie. Il réalisera ainsi seulement six longs métrages en trente ans. Les Vacances de Monsieur Hulot (1952) est un gros succès public et critique. Il est l’occasion de la première collaboration avec le peintre Jacques Lagrange qui mobilise avec virtuosité son talent graphique, inventant costumes, décors et situations gaguesques. Le cinéaste plonge son héros, l’inimitable Hulot parmi les estivants de l’Hôtel de la Plage de Saint-Marc-sur-Mer. Aux antipodes du comique verbal de l’époque, Hulot prend place dans la
mythologie, entre Don Quichotte et Charlot. Et pour le public, déjà, Hulot et Tati ne font qu’un. Le prochain long métrage est un prolon- gement du précédent dans la série des Hulot. Mon Oncle (1958) béné- ficie d’un financement plus confortable. Il est tourné conjointement en banlieue parisienne et aux studios de la Victorine à Nice. Enfin en couleurs, il bénéficie de deux versions (française et anglaise). Critique buissonnière des ravages de la modernité, Mon Oncle est le premier film produit par Specta Films, maison de production fondée par Tati. Prix spécial du Jury à Cannes, Oscar du Meilleur film étranger en 1959, Tati est consacré partout dans le monde. Dès 1965, il se lance dans Playtime, son film le plus ambitieux, tourné en 70 mm dans un im- mense décor près de Joinville-le-Pont.
PlayTime demeure, après sa sortie en 1967, un film extraordinairement novateur et inventif, indispensable pour penser le monde « globalisé » d’aujourd’hui. Controversé par une partie de la presse, mal exploité, il est d’une profonde radicalité formelle, et d’une extrême complexité technique. Ainsi, le son est entièrement recréé, mixé sur six pistes en 70 mm. En 1971, Tati signe son cinquième long métrage, Trafic, dernière appartion de Monsieur Hulot. L’automobile et les automobilistes forment le sujet de ce nouveau film, où la nature (retour à Jour de fête) joue un rôle capital. Dans la séquence finale, tournée en plan large, Hulot s’éloigne, avec Maria (Maria Kimberly) à ses côtés. Comme le Chaplin des
Temps modernes, Hulot n’est plus seul. Tati réalise Parade en 1973, à l’origine une commande de la télévision suédoise. Il redevient le joueur de tennis, le boxeur, le centaure de ses vingt ans, exécutant des séries entières de pantomimes de l’époque des Impressions sportives. En 1977, il reçoit le César du cinéma français pour l’en- semble de son œuvre et prend alors la parole pour défendre avec ferveur les jeunes réalisateurs et la production de courts métrages. Il décède le 4 novembre 1982 d’une pneumonie, laissant inachevés les projets de Confusion (co-écrit avec son complice Jacques Lagrange) et de L’Illusionniste, finalement adapté et réalisé sous forme de film d’animation par Sylvain Chomet en 2010.



Le temps de l’exposition André Pierdel et Jacques Tati. De l’illusion aux effets spéciaux présentée à la Cinémathèque Gnidzaz, le Cinéma Jean Renoir programme cinq films de Jacques Tati. Cet événement a pour vocation de faire découvrir ces chefs- d’œuvre dans leurs nouvelles versions restaurées numérisées et d’attirer de nouvelles générations. Saluons le travail de restauration élaboré par les Films de Mon Oncle et Carlotta Film.









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